mardi 8 décembre 2009

Le Père Noël aux ordures


Revoilà donc Noël et son nez trempé dans les paillettes du consumérisme.

Noël et ses montagnes de chocolats industriels montées sur palettes dans les supermarchés.

Noël et ses joujoux affreux que l'on revendra le lendemain sur Internet.

Noël et ses bûches dégoulinantes de crême, de beurre et de toutes ces saloperies sucrées qui font que les enfants s'imaginent qu'on les aime, tandis que les adultes se beurrent la tronche à l'ombre du sapin en espérant que cette foutue année passera comme les autres.

Noël et ses marchands d'humanitaire, n'ayant de la Charité qu'une compréhension très limitée, celle de la signature en bas d'un chèque.

Noël et ses pauvres trognes, hantant les locaux des Restaus du Coeur.

Noël et ses riches habillés en tweed communiant avec le Seigneur à la messe de minuit, avant d'aller lutiner la bonne ou le fils de la maison.

Noël et ses vilains sapins unijambistes, dont je pleure la courte vie quand je les vois en Janvier sur le trottoir, tout flappis, décatis, comme des petites vieilles au bout du rouleau.

Noël et ses calalogues dont je ne parviens plus à endiguer le flot dans ma boîte à lettres et qui font la joie de ma poubelle.

Noël et ses huitres et son foie gras et sa dinde et ses marrons et ses chocolats et son champagne, jusqu'à la nausée, l'écoeurement final, la crise d'apoplexie.

Noël, une des plus belles promesses depuis que l'homme est l'homme. Ténèbres matériels, Lumière spirituelle.

Et ce que les hommes en font: lumière matérielle, guirlandes, veau d'or et compagnie.

Ténèbres spirituels.

mercredi 25 novembre 2009

Le pays du bonheur


L'autre soir, Arte proposait un reportage sur le Danemark, le pays du bonheur. Voilà ce que j'en ai retenu.

Au Danemark, on paye beaucoup d'impôts, mais c'est pour le bien de la communautée. En France, on en paye pas mal aussi, mais on n'aime pas froisser les grandes fortunes, de crainte qu'elles ne s'exilent à l'étranger.

Au Danemark, on laisse les jeunes enfants grimper dans les arbres. En France, on s'interroge de savoir s'il n'y a pas un gène susceptible de transformer de charmants bambins en futurs délinquants.

Au Danemark, et particulièrement dans les maisons de retraite, les vieux aménagent leur chambre comme ils veulent, boivent du vin, chantent et, dit-on, continuent de faire l'amour. En France, c'est la dérive des incontinents.

Au Danemark, on quitte son travail à 16 heures; on travaille 37 heures par semaine. En France, on veut travailler plus pour gagner plus. Et on se fait virer comme un malpropre.

Au Danemark, on ne reste pas longtemps au chômage. En France, on ne voit pas très bien ce qu'on peut faire pour vous, malgré un Etat qui vous veut du bien.

Au Danemark, on aime le naturisme et les clubs échangistes. En France, on a Michel Houelbecq, et ce n'est pas vraiment marrant à lire.

Au Danemark, ce sont les filles qui draguent les garçons; et les garçons sont d'accord, surtout s'ils sont bourrés. En France, les garçons sont bourrés, mais ils ne sont jamais d'accord.

Au Danemark, il y a une reine, mais c'est un pays assez égalitaire. En France, on a un président de la République, mais on est très chatouilleux sur la question du porte-monnaie.

Bref, il semblerait que le Danemark ait réalisé l'idéal de l'Etat-providence, sans avoir eu à passer par une révolution et de grandes déclarations solennelles sur la liberté, l'égalité et la fraternité.

Revers de la médaille, quand même: au Danemark, on n'aime pas trop les fortes individualités. C'est peut-être pour cela qu'on aime se beurrer la tronche. Pour oublier qu'on est... danois!

vendredi 13 novembre 2009

Le beauf et la bobo


Suite aux déclarations de Marie N'Diaye qualifiant la France de Sarkozy de "monstrueuse", Eric Raoult, député UMP et apôtre de la beaufitude, en a appelé à "un devoir de réserve". Marie N'Diaye lui a rétorqué que, n'étant pas fonctionnaire, elle n'était tenue à aucune réserve, ce qui est bien compréhensible quand on est un écrivain doué comme elle et, qui plus est, installé à Berlin depuis peu, ville qui en jette quand même vachement mieux que notre petite capitale où il ne s'est rien passé en 89, sauf un défilé ridicule et criard sensé célébrer les grandes heures de la Révolution française, à l'excepté du minuit de la Terreur. Plus tard, Marie N'Diaye est revenue sur ses propos, les qualifiant d'excessifs, puis, chose curieuse, a remis le couvert une dernière fois en disant assumer pleinement ce qu'elle avait dit dans l'interview des Inrockcuptibles et en appelant à l'arbitrage du ministre de la culture et des cinémas d'art et d'essai, Frédéric Mitterrand.

Tout, dans ce débat, est bancal dès le départ. Si Marie N'Diaye a voulu, à l'occasion du Goncourt, passer pour un écrivain engagé de l'anti-sarkosysme, elle s'est pris les pieds dans le tapis, ne voyant pas que sa situation de pseudo exilée berlinoise la rangeait objectivement du côté des bobos, élite cultivée et friquée qui aime la gauche quand elle s'incarne dans Ségolène Royal, mais répugne à bouffer du saucisson à l'ail et à boire du gros rouge.

De la même manière, pour quelqu'un qui n'est pas fonctionnaire, on s'étonne qu'elle en appelle au ministre de la culture. Mais, venant d'une Française élévée dans le moule de l'Etat-providence, pour ne pas dire jacobin, on comprend qu'elle en appelle à un Père protecteur, elle la pauvre fille qui sait tourner ses phrases pour écrire des histoires, mais n'en trouve pas d'assez fortes pour se défendre elle-même!

Bref, on se croirait revenu au temps de Louis XIV, quand un courtisan en appelait à la bienveillance du roi pour rentrer en grâce. Et puis, à quoi bon en appeler à un ministre qui se trouve justement pieds et poings liés à un Président qu'elle déteste?

Quant à Eric Raoult, mieux vaut économiser de l'encre que d'en parler. On l'invitera cependant à méditer cette phrase de Léon Daudet, qui avait défendu Céline lors de l'attribution du prix Goncourt, Céline dont personne ne voulait à cause de sa peinture déprimante de la Grande Guerre dans Voyage au bout de la nuit: "La patrie, je lui dis merde quand il s'agit de littérature!" Mais M. Raoult sait-il qui est Céline? Ne risque-t-il pas de le confondre avec le modiste du même nom? Il est vrai que, lorsqu'on est député, on n'a guère le temps de s'occuper de littérature...

mercredi 11 novembre 2009

Guérir sans peine


Pour doper les ventes de la Mini Cooper, les publicitaires ont lancé une nouvelle campagne d'affichage dont le slogan se résume à ces deux mots: "Mieux qu'une psychothérapie!"

On remarque tout de suite que la pub ne s'adresse pas à n'importe qui. Psychothérapie n'est pas un mot qu'on emploie tous les jours et chacun sait qu'une analyse revient cher, surtout quand elle n'est pas remboursée par la sécu.

Donc, l'acheteur potentiel de la Mini est un type (ou une typesse) qui a du vocabulaire et du fric à jeter par les fenêtres (de la Mini, justement). Mais pourquoi préférerait-il une bagnole à une psychothérapie? Sur ce sujet, la publicité ne nous apprend rien de plus. Mais on comprend quand même qu'il vaut mieux acheter une Mini plutôt que de passer des mois, voire des années, sur le divan du Docteur Freud. Et pourquoi?

Parce qu'une voiture, ça offre tout de suite du plaisir. C'est un peu comme se désaper et passer au lit avec son partenaire préféré. On y va, on passe à l'action et tout le monde est content (enfin, ça dépend). Alors qu'une théraphie, qu'est-ce que ça offre au juste? On n'en voit jamais la fin et on n'est même pas sûr de coucher avec son analyste! Alors oui, il vaut acheter une Mini plutôt que faire une psychothérapie. Reste à savoir si la bagnole a un effet curatif... Et si c'est le cas, de quoi guérit-elle au juste? Pas de la douleur d'aimer, ça c'est sûr... A moins de foncer droit dans le mur!

dimanche 25 octobre 2009

Eloge de la Beauce


Pour beaucoup, la Beauce représente le degré zéro du paysage. Des champs à perte de vue, peu d'arbres; un dénuement à fleur de ciel. Pourtant, si on prend le temps de la contempler, la Beauce est un paysage ouvert et changeant.

Ouvert, cela va de soi. De quelque côté que l'on se tourne, le ciel y déploie son parapluie sans bords. On est pris de vertige, comme si on se tenait quelque part dans le cosmos. On se sent petit, happé par l'immensité, comme dans les deux infinis de Pascal. Mais cette petitesse est relative: il suffit de se pencher vers la terre, d'observer les sillons creusés par le travail des hommes, pour redécouvrir une assise, un enracinement. Car la Beauce, c'est avant tout cela: un paysage de labours; tout le contraire d'un désert. Et dans ces sinuosités créées par les machines, à différents moments du jour ou de l'année, on voit la lumière affleurer, ondoyer, communier avec la terre.

La lumière apparaît alors comme ce qui unit ce qui paraît séparé: la terre et le ciel, le monde des hommes et le cosmos dénué de bords et de centre. Mais elle est changeante en même temps, si bien que le ciel semble parfois prendre le pas sur la terre, ou inversement. Tantôt le ciel est bas, tantôt c'est la terre qui est haute, comme on parle de haute mer quand les dernières habitations disparaissent à tout jamais derrière l'horizon.

Ajoutons à cela l'influence des saisons, les différentes cultures, le temps des semailles et celui des moissons, et l'on découvre combien ce paysage, si souvent méprisé des automobilistes qui le trouvent morne, est riche de variations comme l'est un nuancier chez le marchand de couleurs.

Parfois, la Beauce désespère: le regard n'accroche pas; il lui manque un point d'intimité pour se fixer. Parfois aussi, la Beauce exalte: sentiment océanique, étreinte d'immensité.

En fait, la Beauce est un paysage extrême, moins fait pour ceux qui cherchent une correspondance entre ce qu'ils voient et leur moi intime, que pour ceux qui ne craignent pas d'aller plus loin que leur ego.

mardi 6 octobre 2009

Le fondement du terrorisme


Il y a quelques jours de cela, un terroriste islamiste s'est fait exploser dans un palais saoudien. Rien d'extraordinaire, dira-t-on. Un terroriste, surtout quand il est islamiste, a une espérance de vie assez brève. Son désir le plus cher est d'éparpiller son corps aux quatre vents pour le plus grand bonheur d'Allah.

Jusque-là, les terroristes s'en donnaient à coeur joie à l'aide d'une ceinture bourrée d'explosifs. Notre terroriste saoudien, lui, a été plus ingénieux: c'est sous la forme de suppositoires qu'il a caché les explosifs, avant de se faire sauter à l'aide d'un portable qui a servi de détonateur!

Je pète et je tue! Telle pourrait être la devise de ce terroriste d'un nouveau genre. Les pets de vaches qui, soit disant, empolluent la Terre, sont... du pipi de chat en comparaison!

Bien plus, il y a là une trouvaille métaphysique qui a de quoi se faire éclater le premier des théologiens. La foi, logée habituellement dans le coeur, se retrouve ici cantonnée au trou du cul.

Fallait-il qu'il se haïsse à ce point, ce pauvre terroriste, pour faire de son trou de balle une machine infernale!

Enfin, ne le plaignons pas trop. Il a eu ce qu'il voulait après tout. Et moi, je me suis bien amusé en rédigeant cette chronique.

lundi 5 octobre 2009

Le foot ou la rue!


La bêtise a encore frappé. Cette fois-ci, elle revêt les nobles habits de la pédagogie. De quoi s'agit-il? De lutter contre l'absentéisme des élèves. Et comment? Le lycée professionnel Frédéric-Mistral de Marseille semble avoir trouvé la solution: en offrant chaque mois des billets pour les rencontres de l'O.M. aux élèves de la classe qui aura enregistré le taux le plus faible d'absentéisme. Bien entendu, il ne s'agit que d'une expérience pédagogique; rien ne dit qu'elle sera étendue à d'autres établissements, voire à la France entière. Nous voilà rassurés. Enfin, pas complétement...

S'il n'y a plus que le football pour ramener des élèves au lycée, c'est le signe que, du côté des pédagogues, on n'a plus rien d'autre à leur offrir. Du reste, remarquons-le, il s'agit seulement de lutter contre l'absentéisme: le mot travail, lui, n'a pas été prononcé. On peut même se demander si on attend des élèves présents qu'il fasse quelque chose dans la classe. Le principal est qu'ils soient là, n'est-ce pas? Cela suffit largement pour rassurer les familles et la police. On achète la paix sociale comme on peut, avec ce qui reste.

Bien plus, cette heureuse initiative en dit long sur la nature de la récompense et sur le profil des futurs récompensés. Ces derniers, visiblement, n'ont plus que le football dans la tête. Mais qui a voulu qu'on rétrécisse à ce point leur horizon, sinon ceux qui ont intérêt à remplir des stades ou à faire monter l'audimat à la télévision? Pauvres élèves, condamnés à éructer dans les gradins, parce qu'ils n'ont pas d'autre langage!

Quant au football, on savait depuis longtemps qu'il était devenu le nouvel opium du peuple. Tout le monde hurle contre les parachutes dorés. Il ne vient à l'idée de personne, y compris chez les masses laborieuses, de s'insurger contres les salaires éhontés des joueurs professionnels. Le football n'est plus seulement un sport: comme nombre de spectacles, il est devenu un instrument de domination des consciences.

Cette instrumentalisation du sport, nous la retrouvons dans cette idée de récompense accordée aux élèves méritants. Tenez-vous bien et vous aurez droit au match de foot! On se croirait revenu aux temps des bons points, sauf que les belles images d'aujourd'hui n'ont rien de particulièrement édifiant: elles ont la couleur du fric et de la notoriété, de l'argent-roi et de la pipolisation. Jadis, on accusa Socrate de corrompre la jeunesse. Aujourd'hui, on déroule un tapis rouge à ses corrupteurs.

samedi 3 octobre 2009

Allo, SOS suicide?


Encore un suicide à France-Telecom. Le vingt-quatrième. L'homme s'est jeté d'un pont. Il s'est écrasé, parce qu'il se sentait écrasé. Il a laissé une lettre, accusant les méthodes de management de l'entreprise.

Curieusement, sur ce sujet, la presse se montre assez modérée. Le Monde comme le Figaro reconnaissent qu'il y a certainement un problème au niveau de l'entreprise, mais c'est pour ajouter ensuite: il y a des facteurs de fragilité personnelle, et la médiatisation des précédents suicides amènent peut-être certains à passer à l'acte.

Traduction: si vous êtes salarié à France-Telecom et que vous vous jetez d'un pont, vous devez y être certainement pour quelque chose!

Et qu'en est-il dans les autres secteurs d'acitivité? Silence radio. Pas de statistiques. Le Figaro reconnaît cependant qu'il y a beaucoup de suicides chez les agriculteurs. Le Monde, lui, évoque un taux de suicides importants dans la police et l'Education Nationale, mais sans donner de chiffres.

Quoi qu'il en soit, vingt-quatre suicides à France-Telecom, c'est révélateur d'un malaise, non? Si le travail tue, c'est qu'il est mauvais. Et plus mauvais encore ceux qui décident pour les autres de l'organiser. Or, qui sont les décideurs? Des énarques, des polytechniciens, des types qui ont fait HEC. Et quelles méthodes ont-ils apprises pour mener ainsi les gens au désespoir? On aimerait bien le savoir. On aimerait surtout que ces gens-là ouvrent les yeux sur ce qu'ils ont mis en oeuvre.

Bref, leur demander d'être un petit peu plus humain. Mais n'est-ce pas trop leur demander?

En tout cas, une chose est sûre: le bonheur, ce n'est pas simple comme un coup de fil!

mercredi 30 septembre 2009

Pour qui se prend Yann Arthus-Bertrand?


Yann Arthus-Bertrand, comme chacun sait, est ce photographe humaniste et moustachu qui prend des photos de la Terre du haut d'un hélicoptère. Il est aussi le réalisateur de Home, film époustouflant où l'on comprend qu'il est peut-être temps de mettre un frein à nos ambitions consuméristes et industrielles, si nous voulons laisser une planète propre à nos enfants.

En soi, le titre du film est tout un programme: la Terre est une maison dont nous sommes les modestes locataires. Et comme on dit à propos des toilettes: "Merci de laisser cet endroit aussi propre que vous l'avez trouvé." Mais si nous ne sommes que des locataires, qui est donc le propriétaire de ce Home en voie de dissolution?

Pour le savoir, il suffit de voir comment Yann Arthus-Bertrand filme la Terre ou la prend en photos. Il la contemple d'en haut, à bord de son hélico. En terme technique, on appelle ça une plongée. Mais qui d'autre que lui peut avoir ce point de vue admirable, sinon Dieu lui-même contemplant sa Création?

Eh oui, on l'aura compris, Yann Arthus-Bertrand, loin d'être seulement un gentil photographe rallié à la Bonne Cause Ecologique, est aussi un homme qui se prend pour Dieu! Et comme Dieu dans l'Ancien Testament, il entend nous faire la leçon, nous réprimander, nous dire le Bien et le Mal, châtier les coupables et distribuer des récompenses.

Devant tant de hauteur, on reste confondu. On aimerait bien jouer l'avocat du Diable, mais c'est prendre le risque de prendre à revers une opinion publique gagnée déjà par l'angoisse de l'apocalypse prochaine. Pas celle de Saint-Jean, rassurons-nous. Celle-là est bien trop complexe, bien trop ténébreuse et insupportable pour une opinion publique qui a depuis longtemps jeté Dieu aux orties, au nom du progrès et de l'émancipation individuelle.

D'où ce paradoxe: Yann Arthus-Bertrand se prend pour Dieu, mais sa métaphysique se réduit à la portion congrue. Celle d'une morale pratique, utilitaire, qui entend sacraliser la Terre tout en refusant d'y voir autre chose que la Terre elle-même.

lundi 28 septembre 2009

Allègre a encore frappé


Interrogé par le quotidien Nice-matin ce week-end dernier, Claude Allègre, dont la surcharge pondérale pèse son poids de cacahuètes, a traité d'imbécile Nicolas Hulot, lui repprochant notamment d'obliger les gens à rouler en vélo, alors que lui, le salarié de TF1, se paye des voyages en hélico pour les besoins de ses reportages.

On regrettera que Claude Allègre n'ait pas fait de même avec Yann Arthus-Bertrand, autre chantre de l'écologie, dont le film Home, financé par de grands groupes industriels, doit aussi beaucoup aux pales des hélicos. Mais sans doute y-a-t-il pensé, lui qui voue aux gémonies ces écolos bon teints qui ont fait du réchauffement climatique un fond de commerce bien lucratif.

En fait, le fond du débat est là. Réchauffement ou pas? L'apocalypse pour 2012 ou aux calendes grecques?

Allègre ne croit pas au réchauffement. Il le clame haut et fort. Tant de mauvaise foi est admirable. Cela force le respect. Allègre bouillonne. Allègre a le sang chaud. Il tonne contre, quitte à se retrouver seul contre tous. Du sanglier, il a le poil dru et l'allure, sans compte le caractère: obtus, offensif, susceptible comme pas deux. Il a aussi un côté "Casse-toi-Pauv'-con", qui explique sans doute pourquoi il fait souvent des ronds de jambe à notre Président.

En comparaison, Nicolas Hulot paraît très sympathique. Il est jeune, beau, bien propre sur lui. Il a l'opinion publique pour lui. Qui serait assez abruti pour ne pas vouloir protêger la planête? C'est une évidence.

Hulot clame haut et fort cette évidence. Tout le monde applaudit à ce chantre juvénile de l'écologiquement correct. Il faut, dit-il. On fait ou on va faire. Grenelle de l'environnement, taxe carbone, voitures propres, etc. Tout le monde est content. Et la planète sera sauvée!

Pour qui ne l'a pas compris encore, l'écologie -du moins dans sa version aspartam- est en passe de devenir au XXIème siècle la nouvelle science des Homais. Bientôt, il sera impossible de dire non ou je m'en fous, sous peine d'encourir les foudres de procureurs hygiéniquement corrects. Nicolas Hulot est notre nouveau Homais. Grâce soit rendue à Claude Allègre de l'avoir un peu bousculé.

samedi 26 septembre 2009

Coïtus morbidus


Lu dans la presse: une veuve réclame le sperme de son mari décédé.

Elle s'appelle Fabienne J., elle a une trentaine d'années et elle est veuve. Rien d'extraordinaire à cela, sinon que la plupart des veuves aujourd'hui ont dépassé depuis belle lurette le stade de la ménopause. Pas Fabienne J. Elle peut encore avoir des enfants et c'est tout le bien qu'on lui souhaite. Oui, mais... Elle veut récupérer le sperme congelé de son défunt mari pour se faire inséminer et avoir un enfant post-mortem. Pourquoi pas? dira-t-on. Si la médecine peut le faire, pourquoi s'en priver?

Au nom du droit, Fabienne J. est prête à tout mettre en oeuvre, quitte à se faire inséminer en Belgique où la législation semble plus tolérante sur le sujet. Et si ce n'est pas possible au pays de Jacques Brel, il doit bien y avoir quelque part dans le monde un paradis spermato où on peut se faire inséminer comme d'autres font leurs courses aux Galeries Lafayette.

On n'arrête pas le progrès. On n'arrête pas la connerie aussi. La connerie est un camion fou qui, au nom du droit imprescriptible pour chaque individu de jouir du bonheur, fonce sans s'arrêter sur le mur des limites imposées par la nature.

Vous êtes jeune? Vous perdez votre mari et vous êtes sans enfant? Un conseil: faites votre deuil et remariez vous avec qui bon vous semble!

Pour Fabienne J., il faut croire que les choses ne sont pas si évidentes. Elle n'est toujours pas sortie de son deuil. Mieux même, elle voudrait contourner les lois de la nature pour avoir un enfant d'un mort. Elle n'a donc pas compris que, par essence, toute destinée humaine est tragique, et qu'il faut justement accepter cela pour continuer à vivre et donner du sens à la vie.

Après tout, il y a des veuves qui se reconstruisent quand même après avoir connu le grand amour. Et le fait même de l'avoir connu peut leur donner plus d'appêtit, plus de force dans la vie. Et puis, pour paraphraser un célèbre opéra, il y a aussi des veuves joyeuses...

En fait, ce n'est pas un enfant que désire Fabienne J.. Elle veut tout simplement accoucher de son défunt mari sous l'enveloppe charnelle d'un bébé qui, lui, quand il viendra au monde, ignorera tout de cette histoire sordide où la procréation assistée a comme des relents de nécrophilie.

dimanche 30 août 2009

Inglorious picture


Inglorious Basterds, film de Quentin Tarentino.

Ce qu'il y a de bien avec les nazis au cinéma, c'est qu'ils sont assurés de faire un carton auprès du public. Avec leurs uniformes clinquants, leur accent germanique et leur sadisme à fleur de dague, les nazis sont des personnages qui plaisent au cinéma, car ils incarnent les méchants absolus.

Mais il arrive qu'ils tombent sur plus méchants qu'eux: par exemple, une bande de salauds qui ne reculent devant rien pour assouvir leur désir de vengeance. D'où le titre du film de Tarantino, ovationné par la critique, tellement ovationné même qu'il devient presque indécent de faire la fine bouche devant ce qui ressemble à un exercice de style où le glorieux Tarantino, citations à l'appui, montre à des spectateurs déjà gagnés d'avance tout ce qu'il doit à certains cinéastes qui l'ont précédé: Sergio Leone, Lubitsch, Pabst, et tant d'autres...

Ajoutons à cela quelques scènes de parodie, des hectolitres d'hémoglobine, une bande-son volontiers décalée, et l'on obtient un film qui plaira beaucoup à ceux que le kitsch n'offense pas.

Et après? Après, pas grand chose. On s'en retourne chez soi avec l'impression d'avoir vu un film sympa en se disant aussi qu'il sortira en DVD l'année prochaine.

Bref, ce film ne change rien, n'apporte rien à ceux qui l'ont précédé. On est très loin, par exemple, de M.A.S.H de Robert Altman, qui osait faire rire avec les pires atrocités de la guerre du Vietnam, alors que celle-ci n'était pas terminée.

Le film de Tarantino, lui, est une sorte de savant joujou manié par un enfant amnésique. Politiquement, il aurait été plus intéressant de faire le même film, mais en le transposant en Irak aujourd'hui: une bande d'amerloques scalpant des islamistes, ça aurait eu plus de gueule, non? Et surtout, cela nous aurait donné à réfléchir. Sur la bêtise de la guerre et du fanatisme. Et sur l'Amérique aussi.

vendredi 28 août 2009

La femme de mon rêve


C'était la nuit dernière, juste avant que je me réveille.

Elle portait un pantalon blanc évasé et un haut de la même couleur, sans manches. Ses cheveux étaient longs et ondulés, couleur blond vénitien. Elle devait avoir la trentaine et il y avait quelque chose en elle qui me rappelait les années 70; les pieds nus, la musique de Pink Floyd, une certaine insouciance baba-cool qui me ravit encore rien que d'y penser. Peut-être qu'on faisait l'amour, peut-être qu'on ne le faisait pas: là n'était pas l'essentiel, il me semble. Par contre, on passait notre temps à s'étreindre, sur une plage ou dans une pièce nue ouverte sur la mer. Elle ne me demandait rien; je ne lui demandais rien non plus, sinon qu'on continue à s'étreindre comme ça, avec la mer en bruit de fond. Parfois, je m'occupais à autre chose: vie de famille, enfants, etc. Mais toujours je revenais vers elle, à moins que ce soit elle qui se manifeste à moi à différents moments de la journée.

Plus tard, en repensant à ce rêve, l'idée m'est venu que ce n'était pas d'une femme en particulier dont je rêvais, mais plutôt de la quintessence de toutes les femmes - à moins qu'il ne s'agisse d'une incarnation bienveillante du Désir, telle qu'on peut la contempler dans l'Arcane 17 du Tarot de Marseille. Arcane qui a pour nom L'Etoile, et qui représente une jeune femme nue versant de l'eau au bord d'une rivière.

Quoi qu'il en soit, j'espère me souvenir encore longtemps de ce rêve. Et je forme même un voeu: celui de le poursuivre cette nuit même. Qui sait si la femme au pantalon blanc me dévoilera son secret?

dimanche 23 août 2009

Boulevard des disparus


Andrew Weiner, Boulevard des disparus, Folio SF.

Pour les amateurs de SF, on recommandera chaudement la lecture du roman d'Andrew Weiner, Boulevard des disparus (Folio). Publié en 2002, son propos n'est pas sans rappeler l'univers de Matrix.

Tout commence comme un bon vieux polar: Kaminsky, un détective, est chargé de retrouver la femme d'un homme d'affaires qui a partie lié avec les technologies de l'information. Mais qui est vraiment kaminsky? Et pourquoi habite-t-il dans une ville où il fait toujours froid et où se trouve un pont d'où on ne revient jamais?

Kaminsky est-il un vrai détective ou l'interface numérisée d'un autre personnage "bien réel" (encore qu'on est en droit d'en douter)?

Dans Boulevard des disparus, il y a un moment où on ne sait plus très bien qui est qui, d'autant que le passage d'un monde à l'autre s'opère d'une façon "soft", comme un simple clic sur une souris...

Au passage, Weiner nous offre une belle réflexion philosophique sur notre monde "a nous", réflexion inspirée par la lecture des gnostiques, lesquels pensaient -à une époque où le christiannisme se répandaient un peu partout- que notre monde n'était qu'une imposture (une sorte d'interface fallacieuse) créée par un faux dieu...

A lire Weiner, on se demande, le livre refermé, où est le vrai, où est le faux. Un peu comme ce sage chinois qui ne sait plus s'il est un sage qui rêve d'un papillon ou s'il est lui-même devenu un papillon rêvant qu'il est un sage...

mardi 28 juillet 2009

Comédie désabusée


Ma femme s'appelle reviens, comédie de Patrice Leconte, 1981.


Hier soir, M6 rediffusait Ma femme s'appelle reviens, comédie douce-amère avec Anémone et Michel Blanc dans les rôles titres. Michel Blanc incarne un médecin abandonné par sa femme et Anémone, une photographe de mode atteinte de boulimie et délaissée par son rocker de copain. Ils habitent au même étage d'un immeuble réservé aux célibataires.

Les décors, les costumes, le côté un peu "baba" des personnages, tout cela nous ramène au début des années 80, qui voient émerger des trentenaires dont on sent qu'ils sont passés par la case 68. En soi, le film n'a pas un grand intérêt cinématographique: la photographie a vieilli, Patrice Leconte s'emmêle un peu les pinceaux dans les transitions, etc. Par contre, il a un intérêt sociologique certain.

81, c'est l'arrivée de la gauche au pouvoir, l'espoir pour des millions d'électeurs de pouvoir "changer la vie" (slogan phare du PS à l'époque), l'idée d'un "grand soir" fraternel et convivial où tout le monde serait beau et gentil.

Le film de Leconte, bien que situé sur un terrain intimiste, dément complétement les choses. On y voit des célibataires pathétiques, incapables d'aimer et d'être aimés. En clair, des gens dont la cellule familiale se réduit à eux-mêmes, incapables de sortir de leur bulle, et donc dans une certaine mesure impuissants à changer les choses, ne serait-ce qu'en se délivrant de leur ego pour tendre vers l'amour vrai.

Du reste, le film se termine comme il a commencé: Anémone et Michel Blanc dînent dans un somptueux restaurant dont ils sont les seuls clients; la caméra recule, recule... Ils sont tout seuls au centre d'une pièce vide, et on pressent que ce dîner ne débouchera sur rien...

Et la gauche dans tout ça, me dira-t-on? Eh bien, c'est un peu la même chose. En 81, la gauche incarne un désir - mais ses amants sont déjà pris dans le maëlstrom de l'individualisme. Trente ans plus tard, bobos égarés dans un monde de brutes, ils feront les yeux doux à Ségo ou Nicolas S., faute de mieux.

dimanche 19 juillet 2009

About The French Paper



The French Paper is a newspaper for english people living in France. But, if you are french, you can read it. Why? Because, in The French Paper, France is more exotic than we think. And, if you are in hollidays, with The French Paper, you are going to see your country with anothers eyes!

Traduction (ou presque): j'ai acheté l'autre jour à la gare The French Paper, tenté par le format du journal et sa belle maquette colorée. Si vous voulez savoir ce que les anglais vivant en France pensent de nous, eh bien achetez-le!

On y découvre, Ô suprise! que les français -aux yeux des anglais- sont plus polis que leurs compatriotes. Un article tente d'expliquer qui est Dany-le-Rouge et pourquoi les Verts ont percé aux élections européennes. Un autre, assez ironique, s'attarde sur les deux fils Sarkozy (The Rapper and the Politician). Des plumes françaises (mais toujours en anglais) prêtent aussi leur concours à ce journal: un universitaire de Metz revient sur le malaise des Français à l'égard du capitalisme; un autre nous explique comment l'idée de politesse est apparue en France. Tout cela est très instructif pour un Anglais, mais aussi un Français comme moi, d'autant que le supplément Living, très joliment mis en page, nous explique comment réussir un repas en plein air (Eating out!), recettes à l'appui, sans compter une page complète consacrée à la confection de cocktails. Est-il utile de préciser qu'il s'agit de recettes françaises?

Bref, si ça continue, je vais devenir un abonné de The French Paper. Moi qui voyage rarement, j'aurais ainsi le sentiment, dans mon propre pays, d'être un étranger découvrant une nouvelle contrée. Ce qui n'est déjà pas si mal, quand on est en vacances comme moi et qu'on ne sait pas où aller.

dimanche 5 juillet 2009

Un soir à Paris


Hier soir, j'ai laissé ma famille à la Comédie Française -où on donnait IL Campiello de Goldoni- et je suis allé me balader dans le quartier avec le chien.

Ce qu'il y a de bien quand vous promenez un chien, c'est que les gens pensent que vous habitez dans le coin. Moi qui ai quitté Paris il y a vingt ans, j'ai eu l'impression ce soir-là d'être encore chez moi. J'ai renseigné un tel sur telle rue, taillé un bout de gras avec un couple et un lévrier, salué quelques dames en passant qui ont trouvé que j'avais un beau... Labrador.

A part ça, le périple a commencé avec les galeries du Palais-Royal et son jardin, puis la pyramide du Louvre, la cour carrée, les quais sous le pont des Arts, un bistrot que j'aime bien: Le Corona, situé en face le Louvre et qui joui d'une belle vue, quoiqu'un peu bruyant à cause du carrefour ouvrant vers la rue de Rivoli, la rue Saint-Honoré, les Halles, la rue Saint-Eustache et sa petite rue avec ses boutiques Agnés B. , une autre rue dont j'ai oublié le nom où se trouve un bistrot corse formidable (bière et vins du cru, beignets de fleurs de courgettes, lonzo et tutti quanti!),

la rue Croix des Petits-Champs, la place des Victoires, la rue Vide-Gousset, la rue Vivienne, la rue Molière (où l'on trouve un des plus anciens restaurants japonais de Paris, Tanaka), puis retour à la Comédie-Française et pause au Café de la Comédie, juste en face du Théâtre, avec ses petites tables sur le trottoir et ses touristes qui vont et viennent et qui me rappellent combien, il y a des années de ça, je passais des nuits entières à me promener dans Paris, parfois jusqu'à l'aube, croyant trouver l'aventure dans les yeux d'une belle inconnue comme Breton dans Nadja, prénom russe qui signifie ESPERANCE.

jeudi 25 juin 2009

Melville, cinéaste de la vacuité


Jean-Pierre Melville, L'Armée des ombres.

L'autre soir, j'ai revu à la télé pour la énième L'Armée des ombres de Jean-Pierre Melville avec Lino Ventura dans le rôle principal. Et pour la énième fois, j'ai ressenti -intacte- la même émotion que ce film avait déclenché en moi quand je l'avais découvert dans mon adolescence. Du reste, le film terminé, la télé éteinte, je suis resté un petit moment dans le salon sans rien faire ni parler. C'était comme si le silence du film de Melville -silence visuel que l'on retrouve aussi bien dans Le Samouraï que dans Le Cercle rouge- s'était incrusté en moi pour me rappeler combien il n'y a pas de valeur plus haute et plus tragique que le sacrifice de soi.

Melville, on le sait, était dans la Résistance pendant l'Occupation. On sait moins peut-être qu'il s'intéressait aussi beaucoup au bouddhisme (d'où la citation qui ouvre Le Cercle rouge), surtout dans la dernière partie de sa vie. D'où ce paradoxe à propos de L'Armée des ombres: film sur la Résistance, mais film inspiré aussi par une certaine bouddhéité. Celui qui résiste -en l'occurrence le personnage incarné Lino Ventura- est celui qui se tait, parce qu'il a vaincu la peur, c'est-à-dire les tourments illusoires de l'ego. Dès lors, il peut mourir et se sacrifier. Il peut aussi abattre froidement un soldat ou un traître (cf la scène où il s'agit d'exécuter un type qui a trahi le réseau). En fait, le résistant fait l'expérience de la vacuité, au sens bouddhiste du terme. D'où ce silence qui habite le film tout au long et qui a continué de m'habiter longtemps après l'avoir revu.

Celui qui parle ne sait pas. Celui qui sait ne parle pas. (Lao-Tzeu)

samedi 20 juin 2009

Marre de marre des fêtes!


Après la fête des voisins et la fête de l'amitié, voilà revenue la fête de la musique. En France, on adore faire la fête. Etonnant pour un pays où les gens font la gueule les trois-quarts du temps, en particulier dans le métro.

Voyez comme les individus sont dociles: il suffit de décréter un jour de fête pour qu'ils se décident à mettre le nez dehors! Et qu'est-ce qu'ils voient dehors? D'autres quidams à qui on a donné l'autorisation de fêter la musique, l'amitié, les voisins et autres conneries décrétées en haut lieu pour affirmer justement la suprématie de ceux qui décident des jours de fête pour les autres.

Au fond, et comme le soutenait l'excellent Philippe Muray, l'officialisme festif n'est jamais que la face souriante d'une autre domination. En obligeant les gens à faire la fête, on les oblige tout simplement à danser avec les moutons. Au pays de Panurge, la France est reine!

Cette façon de décréter le bonheur obligatoire est typiquement française. Au pays des Droits de l'Homme, les idées générales ont la vie dure. Il faut qu'elles rentrent dans le crâne des individus, de gré ou de force. Autrefois, il y avait la Terreur pour faire comprendre à l'honnête citoyen que l'Egalité et la Fraternité étaient dans son intérêt. Aujourd'hui, on convoque les Voisins, l'Amitié et la Musique pour montrer aux gentils Français que leur pays est vraiment très convivial.

Pour ma part, il y a belle lurette que je refuse de me prêter à cette tartufferie nationale. La fête, je la fais quand j'en ai envie. Comme l'amour. Et je crois qu'on me le rend bien!

lundi 1 juin 2009

L'avion sans danger


Après la tragique disparition, au large du Brésil, d'un Airbus d'Air France, force est de constater que les avions, s'ils s'élèvent jusqu'aux cieux, on parfois une fâcheuse tendance à piquer du nez. Personne n'échappe à la gravitation universelle, sauf peut-être ceux qui ne sont plus là pour en parler. Quoi qu'il en soit, voici quelques propositions susceptibles de prévenir de nouveaux crashs aériens:

1/Couper les ailes des avions et les faire rouler au sol comme de banales Twingo. Avantages: on ne quitte pas le plancher des vaches; on peut faire coucou avec la main, quand on passe devant chez soi. Inconvénients: ça risque de bouchonner pas mal à la sortie de Paris; la code de la route n'a pas encore prévu ce cas de figure. Un avion est-il prioritaire sur une voiture? Et qu'en est-il du tracteur?

2/Pour les traversées de l'Atlantique et autres océans, le mieux est d'équiper les avions de coques flottantes, façon cargo. On prévoira aussi deux hélices à l'arrière et, éventuellement, en cas de panne électrique, deux mats équipés de bonnes voiles. Avantages: on retrouve le plaisir des longues traversées d'antan, le goût pour les croisières. Inconvénients: l'avion ne se crashe plus, mais il peut couler. Dans ce cas, faudra-t-il parler de naufrage ou de splash aérien? Et si l'avion coule, coulera-t-il par l'avant ou par l'arrière?

3/Pour le franchissement des montagnes, il sera évidemment plus difficile de concevoir un prototype ayant toutes les caractéristiques de l'avion, sauf une: le fait de voler. Mais avec un peu d'imagination, rien n'empêche d'inventer des machines fuselées et connectables, par exemple, à des sortes de télé-skis géants. Avantages: une fois arrivé en haut de la montagne, on peut redescendre fissa en luge; possibilité de prendre un abonnement à l'année sur les télé-skis. Inconvénients: ça va en faire des avions à la queue-le-leu! Privées de pâturages, les vaches risquent de faire la grève du lait. Partant, plus de yaourts dans les supermarchés! Que mangera-t-on au dessert? Que deviendront nos intestins sans bifidus actif?

On le voit, toute solution a son revers. Tout est dans tout, et réciproquement. A chaque cause suffit son effet, etc. Personnellement, je veux bien me priver d'avion, mais pas de yaourts. A chacun son truc, comme on dit. Moi, c'est les yaourts aux fraises. Et vous?

mardi 26 mai 2009

La peur du gendarme


Lu dans la presse: un gendarme de 43 ans émascule l'amant de sa femme.

Sur le thème du trio infernal, je choisis le mari éploré. Fallait-il donc qu'il soit malheureux pour en arriver là! Et quand bien même... Est-ce que ça valait vraiment la peine? Si ce type avait lu ou vu une bonne pièce de boulevard, il aurait peut-être pris les choses autrement. Seulement voilà, quand on est gendarme, on n'a pas trop le temps de lire; il faut veiller au grain.

Les journaux ne disent pas ce qu'est devenu l'objet du délit. L'a-t-on mixé dans le hachoir à viande? L'a-t-on grillé au barbecue, façon merguez cramée, en compagnie de quelques potes avinés et rigolards? Ou bien, une main secourable l'a-t-il recueilli sur la chaussée et l'a porté dans une poche de glace jusqu'à l'hopital le plus proche? Le mystère demeure. Il faut peut-être lancer un avis de recherche.

Quoi qu'il en soit, je n'aimerais pas être à la place de la victime. Pour se reconstruire après un truc pareil, il faut tomber sur un psy... qui en a! A la limite, vu l'ampleur des dégâts, c'est peut-être le moment de changer de sexe. Freud ne disait-il pas que les femmes n'ont pas de pénis?

Du reste, c'est peut-être pour cette raison que notre pauvre gendarme n'a pas puni la sienne. Mieux même: son geste la désigne comme la victime de son queutard d'amant. En émasculant ce dernier, le gendarme aura su au moins protêger son épouse: geste salvateur et citoyen, que ne renierait pas le dernier des talibans.

A part ça, je crois que je vais arrêter de jouer aux gendarmes et aux voleurs. J'ai trop peur pour mes couilles!

lundi 18 mai 2009

Le fromage de Jules


Jules Renard, Journal (1887-1910), Gallimard.

Contre la bêtise et la morosité ambiante, rien ne vaut quelques pages du Journal de Jules Renard. Jules Renard, ce n'est pas seulement l'auteur de Poil de Carotte et de L'Ecornifleur, c'est aussi un type qui, tous les jours ou presque, passe son temps à épingler le genre humain comme d'autres collectionnent les insectes sur des plaques de liège. Il y a du moraliste en lui, mais rien de raide ni de moralisant, plutôt une tendresse fortement teinté de causticité. Un gars de la campagne qui dézingue gentiment les parisiens. Un écrivain qui préfère la compagnie des paysans, des arbres, des animaux. Un peu misanthrope, mais pas trop... Vite rattrapé par la sensualité, l'humour vache, le goût pour le mot d'esprit.

Des mots d'esprit, il y en a des milliers dans le journal de Jules. Pas la peine de le prendre par le début. Il suffit de picorer, au hasard, Balthazar...

Par exemple, cette pure vacherie: Ce qui fait le plus plaisir aux femmes, c'est une basse flatterie sur leur intelligence. Avec une citation pareille dans la presse d'aujourd'hui, le pauvre ami Jules aurait droit à un procès.

Celle-là n'est pas mal non plus: Un borgne, c'est un infirme qui n'a droit qu'à un demi-chien.

Plus loin, ces deux remarques mises côte à côte: Il aime la nature, mais il ne connaît, de verdure, que le vert de ses stores. Et: La nuit, nous avons bien plus peur que les enfants.

A un autre endroit, ce passage qui n'aurait pas déparé les Histoires naturelles: Il faut rentrer; déjà les araignées dressent leurs petites tentes pour la nuit.

Et encore: Sauf complications, il va mourir.

Ou bien: Les gens qui se font incinérer s'imaginent que, réduits en cendres, ils échapperont à Dieu.

Et pour finir, mais la liste est loin d'être close: L'écureuil, son murmure à bouche fermée.

Voilà, c'était l'ami Jules. Un de mes livres de chevet. Un type comme je les aime: ami du genre humain, mais pas trop!

P.S: j'offre une place de cinéma à celui ou à celle qui trouvera pourquoi j'ai appelé mon article Le fromage de Jules.

lundi 11 mai 2009

On ne rit plus


Qui se souvient d'Elie et Dieudonné? Le petit Juif et le grand noir. L'ironique et le susceptible. Le persifleur et le grincheux. Bref, un duo comique qui faisait la nique au racisme et à la bêtise ordinaire. Je me souviens d'une des affiches de leur spectacle: Elie, déguisé en nazi; Dieudonné portant la tenue du Klu Klux Klan.

Aujourd'hui, Elie continue seul son petit bonhomme de chemin (Ah, la série des petites annonces!) et son talent nous fait toujours rire. Dieudonné, lui, ne fait plus rire que les vilains petits canards du révisionnisme. Quelle mouche l'a piqué? Ou veut-il en venir en voulant défendre la mémoire des esclaves tout en se réclamant de Faurisson? Autrefois, Dieudonné voyait des fachos partout. Maintenant, il danse la polka avec eux.

Oui, quelle mouche l'a piqué? Peut-être s'agit d'un effet collatéral de la grippe porcine? Non pas celle du Mexique. Plutôt celle qui change certains individus en porcs humains, un peu à la façon de Rhinocéros de Ionesco. Au train où vont les choses, Dieudonné risque un jour de se retrouver avec un drôle de groin au milieu de la figure, ou une corne sur le front comme dans Rhinocéros.

En attendant, on peut peut-être lui conseiller de lire ou de relire Si c'est un homme de Primo Lévi. C'est un beau livre qui raconte comment, il y a plus de soixante ans, des hommes changées en porcs ont cru bon d'envoyer leurs semblables dans des fours crématoires.

samedi 2 mai 2009

Ponchos, je vous hais!


Suite à ma chronique sur la prophylaxie du sombrero, on va finir par croire que je n'aime pas les Mexicains. Rien de plus faux. Je déteste aussi le poncho.

Le poncho est au manteau ce que le string est au maillot de main. Ce n'est pas une ébauche de vêtement. Ce n'est pas non plus un vêtement. C'est quelque chose qui se situe entre la lirette Ikea fabriquée à Macao et le tapis de bain dont on se sert pour faire dormir le chien, quand on n'a rien d'autre sous la main.

Pour faire un poncho, rien de plus simple: il suffit de découper un large trou au centre d'une carpette pour y passer ensuite la tête. Voilà, le poncho est prêt. Mais, reconnaissons-le, ce n'est quand même pas ce qu'il y a de plus seyant. Une grosse femme en poncho restera une grosse femme. Un Mexicain malingre vêtu d'un poncho restera un Mexicain malingre. C'est là le problème du poncho: il recouvre, mais ne cache rien. Pire même: il met en valeur les défauts physiques. Une gaine de contention, à mon sens, me paraît plus adaptée pour une grosse femme. Quant au Mexicain malingre, eh bien... une doudoune lui donnera un air plus baraqué.

On me dira: ce n'est pas bien de dire du mal du poncho. Il y a des gens qui n'ont que ça à se mettre. Et puis, le poncho, avec ses belles couleurs voyantes, ça met du soleil dans la vie, non? Ce n'est pas faux. Sauf que j'aime bien dire du mal des gens. Sauf que le soleil est un piège à nains: il ne suffit pas qu'il brille pour être heureux. J'en connais, moi, des gens qui portaient des ponchos et se sont jetés du haut de la Tour Eiffel. Ni le soleil ni le poncho ne protêgent du malheur. Et puis, avouons-le, c'est un très mauvais parachute pour qui veut jouer les filles de l'air au dessus de Paris!

vendredi 1 mai 2009

Idées claires, sombrero.


Décidément, la grippe porcine progresse! Déjà deux cas en France. Au train où vont les choses, nous allons certainement passer à l'alerte de niveau 6 la semaine prochaine.

Cependant, le problème est le suivant: comment reconnaître un grippé d'une personne saine? Pas facile... Et pourtant, les choses seraient plus simples si on demandait aux grippés, par exemple, de porter un sombrero.

D'abord, un type en sombrero, ça se voit de loin et ce n'est pas banal. Ensuite, en espérant que nous passerons à l'alerte de niveau 7 dans quinze jours, cela égayera quelque peu les lieux publics et les stations de métro. Sur les quais, à la poste, dans les mairies, etc, on verra des gens d'humeur sombre porter des sombreros colorés. La fête, quoi! Comme si on était dans un Tex-mex branché avec Téquila à volonté. Sans compter que, vu le nombre de sombreros que les médecins devont prescrire à leurs patients (en plus du fameux Tamiflu), l'Etat fera un beau geste en direction du Mexique en lui commandant des milliers de sombreros. Qui sait même si, transparence oblige, il ne faudra pas faire plusieurs offres d'achats à différents concurrents. Et les Chinois, qui s'y entendent en matière de sombreros, emporteront peut-être le pactole, du fait d'une main d'oeuvre payée à bas prix.

Mais n'anticipons pas. La situation est peut-être bien plus grave qu'on ne le pense. Une surproduction de sombreros va plonger la Chine dans le marasme total. Bientôt, l'objet sera tellement dévalué qu'il faudra bien trouver autre chose pour reconnaître les fameux grippés dans la rue. Une crécelle, ce n'est pas mal... Mais ça fait un peu pestiféré, non?

jeudi 30 avril 2009

Cochonailles en danger!


Pauvres cochons! Voilà qu'ils donnent la grippe maintenant. Et que dire des cochonailles? Sont-elles grippées elles aussi? Que vont devenir les salaisons d'Auvergne, les boudins du Perche (je parle de charcuterie, bien évidemment), les rosettes de Lyon, les saucisses de Strasbourg? Vont-ils être grippés eux aussi? Du reste, à quoi reconnaît-on un saucisson grippé? Est-ce qu'il éternue? Faut-il prendre sa température? L'emmener illico aux urgences?

Je lance un appel à la population: si vous rencontrez une pauvre saucisse grippée ou un Knacki qui se promène le nez plein et les oreilles bouchées, faites ce geste salvateur: couvrez-les d'un masque chirurgical et signalez-les au médecin le plus proche (à défaut, au charcutier du coin).

Pour le reste, faites comme moi. Si vous êtes grippé, restez au lit. Et si vous êtes mort, eh bien... restez aussi au lit. C'est plus sûr.

samedi 25 avril 2009

Andy and death


Le Grand Monde d'Andy Warhol, Grand-Palais.

Dans les années 80, on avait pu voir une rétrospective Andy Warhol au Centre Pompidou. Elle montrait comment Warhol avait commencé par la pub pour se tourner ensuite vers l'art, façon ready-made à la Duchamp, ce que l'Amérique lui avait offert comme champ d'investigation (les produits de consommation, les faits divers) et, par retour, l'image que Warhol se faisait de l'Amérique: un pays violent, dominé par la pulsion de mort.

L'exposition du Grand-Palais donne une autre vision de l'artiste, et on peut se demander si cette vision n'est pas elle-même conditionnée par une certaine façon de voir Warhol aujourd'hui: non plus le trublion du Pop Art, l'agitateur rock and roll ami de Lou Reed, mais un portraitiste mondain qui fait du people comme d'autres font des photos pour Paris-Match.

On y retrouvera des icônes célèbres: Marylin, Mao, Nixon, Blondie et bien d'autres, sans compter des artistes et amis de l'auteur. Warhol photographie ses sujets, les projette ensuite sur une toile -dont le format varie peu au fil des années -puis repasse dessus à la peinture acrylique. Rares sont les sujets qui sourient. On dirait plutôt des photos d'identité agrandies. Les grands ont leur Warhol: Armani, Caroline de Monaco, l'ancien patron de Fiat, etc. Warhol fait aussi son autoportrait: quatre crânes agrandis, vanité colorée nous rappelant que tout passe - et les gens connus comme les autres.

On ressort de cette exposition mitigé. Qui est Warhol? Un photographe qui s'essaye à la peinture? Un peintre lorgant vers la photographie? Un artiste mondain? Un pessimiste obsédé par la mort? Quoi qu'il en soit, cette exposition remporte un vif succès. Sans doute parce que Warhol a peint des gens connus. Et aujourd'hui, les célébrités, on adore ça. Notre époque est devenue warholienne. Et Warhol, lui, un peintre académique qui ne choque plus personne.

mercredi 22 avril 2009

Calder, sculpteur de l'air


Calder, Les années parisiennes, 1929-1933, Centre Pompidou.

Si vous avez un moment, allez voir l'expo Calder au Centre Beaubourg. Calder, bien avant ses mobiles colorés, a donné au fil de fer ses lettres de noblesse. Têtes, animaux, personnages de cirque, Calder réinvente l'art de s'émerveiller avec trois fois rien. Pas de matériaux artistiques ici. Bouts de bois, bouchons, fil de fer: Calder invente ses figures en piochant dans les rebuts qui lui tombent sous les mains.

D'un fil de fer, il fait apparaître Joséphine Baker, la Louve de Rémus et Romulus ou un Hercule en prise avec un lion. Calder, c'est un magicien de l'air - un peu comme ces trapézistes de cirque qu'il admirait tant. Du reste, on peut se demander si c'est vraiment le fil de fer qui crée la sculpture, ou plutôt le vide qu'il cherche à enserrer et qui donne sa forme à la chose.

Surtout, Calder semble réconcilier l'inconciliable: le dessin et la sculpture. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer l'ombre projetée de ses oeuvres sur les murs blancs. On voit alors apparaître un dessin qui ressemble à son modèle et qui s'en détache aussi, selon le point où on se tient, la lumière ou l'oscillation de la sculpture.

Cette exposition est un enchantement. Et pour huit Euros, on peut acquérir le catalogue: un ouvrage grand format, souple, très agréable à consulter et d'une qualité photographique sans égal.

jeudi 16 avril 2009

Ellénore, mon amour.


Adolphe de Benjamin Constant compte parmi mes livres préférés. Ecrit en 1816, on le cite souvent en exemple pour évoquer la passion romantique. De quoi s'agit-il? De trois fois rien... Adolphe, 24 ans, tombe amoureux d'Ellénore, une femme qui a dix ans de plus que lui, une certaine fortune et un mari comme on en fait encore aujourd'hui: doux, aimant, mais un peu ennuyeux. Et après? Après, Adolphe ne tient plus vraiment ses promesses, la passion le quitte, etc. Mais Ellénore, elle, s'est enflammée pour toujours! Et elle ira jusqu'au bout. Jusqu'à l'abandon de soi. Jusqu'à la mort, cet autre rivage de l'absolu.

J'ai revu aujourd'hui l'adaptation filmique de Benoît Jacquot, avec Isabelle Adjani dans le rôle d'Ellénore. Ce film est sublime. Sublime et silencieux. Epuré. Comme le style de Benjamin Constant. Beaucoup de plans rappelant l'atmosphère de certains tableaux romantiques. Musique de Schubert, je crois. Toujours le même thème, revenant comme une obsession au fil des séquences. Jacquot filme Adjani comme s'il en était amoureux. Et nous, modeste public, on en reste baba, le coeur serré, les yeux humides devant tant de délicatesse et d'émotion. Adjani crêve l'écran. Et elle en crêve, d'ailleurs, à force d'aimer trop et de ne pas se sentir aimé. Quant à Adolphe, eh bien... Il ne lui reste plus qu'à pleurer. S'il lui reste encore assez de larmes.

mercredi 15 avril 2009

Ralentir, Travaux!


Pour ceux que cela intéresse, éditeurs et amis, je vous fais part de mes travaux en cours. J'ai trois romans jeunesse "sous le coude":

-deux romans policiers: une histoire de trafic de chiens (Un Chien nommé Trésor) et une histoire ésotérique autour d'un manuscrit infernal (Le Livre des Ténèbres),

-un roman fantastique se déroulant sur une île de rêve où des enfants disparaissent mystérieusement et qui tente de réactualiser le mythe de Cronos (L'Ile de la faim).

A cela, on peut ajouter un projet d'album: Petit-Sucre (qui a fait l'objet d'une adaptation filmique), et deux contes parodiques: Le Pire Noël; Jean-René, dragon chanteur.

Parallélement à tout ça, j'aimerais mettre de l'ordre dans mes nouvelles pour en faire un recueil, poursuivre au quotidien l'écriture de haïkus que j'ai engagée l'année dernière (à publier sur le web, peut-être) et développer un roman policier sur lequel je planche en ce moment.

Enfin, comme si cela ne suffisait pas, je cherche toujours un éditeur pour mon anthologie littéraire sur le tabac, La Mélancolie du fumeur. Ouf, je crois que j'ai fini! Merci de faire passer le message...

lundi 13 avril 2009

Merci, Bernard!


Au risque de paraphraser ce titre, je te dis: merci, Bernard, pour tes réflexions sur la mise en scène de certains opéras ces dernières années! A te lire, on voit bien que la scène française semble contaminée par l'esprit de sérieux au détriment du plaisir du spectateur.

Le metteur en scène devient un éminent professeur soucieux de faire la leçon à des spectateurs changés en écoliers! Il y a quelques années, j'ai assisté à une représentation des Trois soeurs de Tchekhov au Théâtre de la Ville. La pièce avait été transposée en pleine glaciation soviétique. Du reste, au cas où on ne l'aurait pas compris, un comptoir réfrigéré trônait sur la scène. Et pour bien nous faire comprendre qu'on ne rigolait pas du tout au temps du Soviet suprême, les acteurs faisaient la gueule et s'arrangeait pour rendre leur diction quasi inaudible. Je suis parti avant la fin, pensant que Tchekhov - ce tragédien de l'intime - méritait un autre traitement.

En fait, quand l'esprit de sérieux pointe son nez, il est formellement interdit de rire, sous peine de passer pour un idiot. C'est le commencement du totalitarisme. Et bien des metteurs en scène, se réclamant pourtant des idées les plus généreuses, semblent parfois prendre ce chemin-là - au risque de mépriser le public!

samedi 11 avril 2009

Daniel Mermet Gnangnan


Hier, dans ma voiture, j'écoutais Daniel Mermet sur France-Inter. Le bon Daniel, pour nous convaincre que la radio de service public n'est plus comme la radio de papa, nous a offert un florilège de chroniques prises dans les archives de Radio France.

D'abord, une chronique de Michel Droit, obscur académicien et amateur de safaris africains aux temps du giscardisme triomphant, fustigeant la liberté sexuelle et en particulier celle éclosant sur les écrans de ciné dans les années 70. Ensuite, remontée dans le temps: la France de Vichy, celle de Radio-Paris, avec la voix de Philippe Henriot, collabo notoire et fusillé à la Libération, déversant ses invectives contre le résistant Pierre Dac qui avait rejoint De Gaulle en Angleterre. Suit la réponse de Pierre Dac, magnifique plaidoyer en faveur de ses origines alsaciennes et d'un père disparu dans les tranchées de la Marne. Après, retour aux années 60, où un chroniqueur dont j'ai oublié le nom, s'en prenait à l'existentialisme et à ce sale gaucho de Sartre, à tous ces vilains jeunes qui se droguent en écoutant de la musique de sauvage, etc.

Et tout ça, pour prouver quoi aux auditeurs dont je suis? Qu'aujourd'hui, c'est mieux qu'hier? Que Pierre Dac vaut mieux qu'un collabo? Que l'Histoire retiendra Sartre et pas ce semi-gâteux de Michel Droit? Mais ça, on le savait, non? Alors, où veut-il en venir ce bon Daniel?

A pas grand-chose. A nous faire la morale, comme d'habitude. Ou plutôt, à nous faire "la moraline", succédanné humanisant très prisé chez les vieux babas et les jeunes bobos qui voient du fascisme partout.

Bref, impossible d'être contre, à moins de préférer Henriot à Pierre Dac! Avec Mermet, pas de problème: on pratique l'esprit critique sans peine. Et puis, grâce à lui, on sait enfin - au cas où on l'aurait oublié - où sont le Bien et le Mal. Le Mal est fatalement réac et le Bien toujours progressiste. A ce compte-là, si on regarde la littérature, il y a sans doute beaucoup d'auteurs que Mermet - ce saint progressiste - doit s'interdire de lire, ou alors en cachette; en vrac, on peut citer Molière (soutenu par ce facho de Louis XIV), Chateaubriand (de vieille noblesse bretonne, carrément facheux), Flaubert (pas vraiment copain avec La Commune, celui-là), ou encore Maupassant (super réac de chez réac, et syphilitique en plus!), etc.

On me dira: quel rapport avec l'émission d'hier?

Qu'il est facile, quand on a une heure d'antenne, d'enfoncer des portes ouvertes en prenant des accents de libérateur guévariste, d'égréner des lieux communs en se posant comme un libertaire de studio. Ca ne fait de mal à personne, mais ça n'aide pas non plus à penser.

Bref, à force de fustiger les méchants, Daniel Mermet finit par devenir la caricature de ceux qu'il dénonce: un petit Fouquier-Thinville braillard, qui voudrait nous convaincre que le monde d'aujourd'hui se sépare entre les méchants cow-boys et les gentils indiens.

Salut, Daniel Gnangan! En ce qui me concerne, je crois que je vais aller me remettre une chanson de Jacques Dutronc. Celui-là, au moins, n'a jamais fait la leçon à personne!

mercredi 1 avril 2009

Dantec, écrivain high-tech


Maurice G. Dantec, Comme le fantôme d'un jazzman dans la station Mir en déroute, Albin Michel, 2009.

Ça commence comme un bon vieux polar avec un hold-up bien huilé, propre et rapide, puis dès la page 18, on entre dans le cyber-polar, un genre que Dantec affectionne depuis Les racines du mal. Notre couple de braqueurs - un ancien flic qui a liquidé pour de bon l’héritage de 68 et une fille de 21 ans, pas vraiment causeuse, plutôt cogneuse – sont affectés d’un neurovirus qui leur permet de connaître des états de conscience étranges qui les relient au cosmos. Recherchés pour le braquage, mais aussi et surtout parce qu’ils se sont échappés d’un centre de confinement où l’on soustrait des gens affectés du même virus qu’eux, ils prennent le large jusqu’à Abidjan, via l’Espagne et le Maroc.

Parallèlement à cette cavale, les télés du monde entier suivent la dérive d’une station russe autour de la terre, station habitée par un étrange fantôme : Albert Ayler, pape du free jazz dessoudé bêtement pour une histoire de came en 1970 et qui erre, tel un fantôme dans les limbes, dans cette station perdue en espérant trouver la Rédemption qui lui permettra de quitter les eaux de New York pour enfin rejoindre l’infini, c’est-à-dire l’autre nom de Dieu. Mais pour cela, Albert a besoin qu’on l’aide et qu’on l’aime. Karen, la braqueuse, grâce à ses pouvoirs extraordinaires (elle tue un homme d’un simple regard), va peut-être faire quelque chose pour lui…

Pour une fois, Dantec a fait plus court que d’habitude. Manque de souffle ou volonté de resserrer en 200 pages l’essentiel de sa pensée et de son univers ? Ici, le polar n’est qu’un prétexte pour nous parler d’autre chose : de la mort, du cosmos, de Dieu. Et aussi pour dresser le tableau inquiétant d’une société future (en fait, assez proche de la nôtre) où le libéralisme et le contrôle des individus semblent faire bon ménage (merci, Edvige !). Les allusions prolifèrent, surtout vers la fin de l’ouvrage : arbre des Sefirots, kabbale juive et tout le toutim ! comme le dit le narrateur.

En fait, Dantec ressemble à un auteur de polars qui aurait lu Raymond Abellio et qui essaierait de faire la synthèse entre les deux. Pour ma part, j’aime beaucoup cette façon de « casser les codes » et d’emmerder le lecteur avec des digressions cyber-philosophiques (et jazzistiques), mais le polardeux moyen, affecté du simple virus de la lecture, risque peut-être de lâcher le bouquin avant la fin. Je l’ai lu jusqu’au bout et en deux soirées, en remerciant Dantec d’avoir remis Albert Ayler au goût du jour, moi qui ne jurait que par le free à la fin des années soixante-dix.

vendredi 27 mars 2009

Le flan de mon enfance


Je me souviens du flan de mon enfance. Ma mère me l'offrait après l'école en attendant la leçon de solfège. C'était un flan tout rond, reposant sur une fine pâte feuilletée qui avait gardé un peu le goût de la tôle sur laquelle il avait cuit. Ce flan, si j'ose dire, était la cerise sur le gâteau d'une semaine bien morne, où le goûter se réduisait bien souvent à un morceau de pain et une barre de chocolat.

Sa couleur jaune, auréolée de taches ombrées comme des taches de soleil, sa rondeur bonhomme et son goût vanillé m'offraient un moment de répit avant d'attaquer la leçon de solfège; leçon ennuyeuse et pénible à laquelle je me devais d'assister, si je voulais jouer un jour d'un instrument. Seulement, je n'arrivais pas à comprendre comment on pouvait apprendre la musique sans rien entre les mains, même pas une de ces horribles flûtes à bec qui ont assassiné - et assassinent encore - les tympans les moins rétifs. Cela me faisait un peu l'effet d'apprendre la grammaire d'une langue étrangère sans être autorisé à la parler.

Le flan, lui, venait à propos pour repousser pendant un court moment les pensées négatives que je nourrissais à l'égard du conservatoire, un bel endroit pourtant et qui sentait bon le piano neuf et le vernis à violon.

Du reste, c'est en parlant de cette pâtisserie que me revient tout à coup cette atmosphère si particulière du conservatoire; la lumière jaune tombant sur les partitions, la même gamme répétée dix fois par une pianiste trébuchant toujours sur la même note, le son pétaradant d'un cuivre facétieux s'échappant d'un visage congestionné...

Moi aussi, je voulais jouer, mais je n'en avais pas le droit! Alors, le goût du flan dissipait un peu cette frustration. Je me concentrais dessus pendant la leçon de solfège; je me disais que, la semaine suivante, même si je n'allais guère progresser en matière de musique, je retrouverais mon flan à la sortie de l'école: il serait toujours aussi bon et donnerait un peu de couleurs à ma vie ennuyeuse.

Plus tard, j'ai continué la musique, j'ai même touché à des instruments divers et, bien entendu, je n'ai pas renoncé au plaisir de manger des flans. Mais ceux-là n'avaient plus tout à fait la même saveur. Peut-être parce que je n'étais plus un enfant.

lundi 23 mars 2009

Pudding is not fooding.



Je l'avoue à ma honte: j'aime et j'adore le pudding!

Il y a une poignée d'années, quand j'étais encore parisien, je me serais damné pour trouver un pudding dans telle ou telle pâtisserie. Comme ont dit, j'avais mon réseau: une officine près de l'Odéon, une autre dans le neuvième, une autre encore dans ma petite banlieue qui fleurait bon le chiendent célinien.

Aujourd'hui encore, il m'arrive de céder à la tentation. Mais les bons puddings se font rares, et puis quand on a avalé cette chose à l'heure du goûter, l'estomac se met à faire de la résistance passive quand arrive le diner. Un pudding ne se digère pas: c'est lui qui vous digère! Et cela peut prendre du temps, beaucoup de temps... De là à penser que le pudding favorise la méditation, il n'y a qu'un pas... Mais, jusqu'à preuve du contraire, je ne me souviens pas avoir vu un moine tibétain ingérer un pudding!

En fait, ce qui me plait dans ce gâteau, c'est qu'il est fait de tous les autres. Le pudding est à la pâtisserie ce que le compost est au jardinage, mais à la différence du compost, c'est une matière dernière, quelque chose dont on ne peut pas se reservir, parce que justement le pudding est fait de toutes les pâtisseries invendues.

Moi, en matière de gâteaux, j'aime tout sans exception. Mais comme j'aime tout, j'ai du mal à choisir. Le pudding, lui, m'offre la possibilité de choisir tout. Brioche rassie, vieille religieuse, baba dépassé, millefeuille effeuillé, etc, tout peut entrer dans la confection d'un pudding. Il suffit de bien mélanger, de malaxer, de compacter, puis de donner à l'ensemble la belle apparence d'un gâteau en moulant la chose dans du chocolat ou en l'aglutinant avec du sirop de sucre.

Commence alors la dégustation... Ici, un vague goût de Paris-Brest; là, quelque chose comme un relent de kirsch; ici encore, le goût suave d'une vieille pâte d'amande... Bref, un florilège de saveurs!

Ajoutons à cela que le pudding a des vertus nutritives qui réchauffent en hiver et que c'est un gâteau pas cher, mais alors pas cher du tout - comparé à ces nutriments snobs qu'on appelle fooding, et qui font un tabac auprès des bobos de Saint-Germain.

Bref, mangez et faites manger autour de vous du pudding. Bientôt, la crise aidant, il ne nous restera plus que ça. Alors, préparons-nous! Apprenons à manger du pudding.

Le Christ-chien


Pour faire suite à mon dernier message, je reprends la suggestion de Nadja au sujet du chien et du Christ.

Donc, imaginons que le Christ revienne sur Terre, mais incarné en chien. Un cleps dont personne ne veut: tout vilain, pustuleux, galeux, avec la peau sur les os et affligé d'une haleine de chacal. Le pauvre se nourrit de ce qu'il trouve, et plus souvent de ce qu'il ne trouve pas. En plus, il est bien embêté, parce qu'il ne peut pas parler. Alors, comment annoncer la bonne parole quand on ne sait qu'aboyer et que les gens vous lancent des pierres pour vous chasser?

Reste le regard. Quelque chose dans le fond des yeux qui vient de très loin et qui est pourtant très proche à la fois... Bref, un regard divin. Un regard qui dit: ne me chasse pas! Je suis tes propres yeux. Les yeux du coeur. Ceux qui traversent les apparences et qui font que tu es autre chose qu'un simple passant sur cette Terre...

Ce regard, un homme l'aperçoit un jour. Il est comme le chien: sale, mal fagotté, exilé de tout, sans toit et sans travail. L'homme recueille le chien. Ou plutôt, c'est le chien qui recueille l'homme. C'est lui qui, par la magie de son regard, va lui réapprendre ce qu'il a oublié: qu'il est un homme, qu'il a une dignité, qu'il a besoin d'amour. Bien vite, ils vont devenir des amis inséparables, et tant pis si le cleps n'arrive toujours pas à dégoiser la bonne nouvelle!

Un soir, l'homme rapporte un peu d'argent, achète à manger pour le chien et pour lui. Mais il ignore que d'autres l'ont vu; d'autres qui sont aussi pauvres que lui et en veulent à son argent.

Deux types fondent sur lui, le tabassent, lui volent son fric. Et comme ils sont un peu avinés, ils s'amusent à crucifier le chien sur une vieille porte.

Fin de l'histoire?

Non. Le pauvre type qu'on a tabassé finit par se relever et, pris d'une compassion extrême pour son compagnon d'infortune, décroche le chien de la porte et tente de le réanimer.

Alors, comme à la fin de Saint-Julien L'Hospitalier de Flaubert, il se passe à cet instant une chose extraordinaire. Le chien devient Christ et emmène le SDF jusqu'au Ciel!

Histoire édifiante, me dira-ton. Oui, peut-être... Mais des pauvres qui volent les pauvres, on en voit tous les jours à la rubrique des faits-divers, et pour ceux-là malheureusement il n'y a guère de rédemption...

vendredi 20 mars 2009

Nom d'un chien.


L'illustration qui orne ce blog est de Natacha Sicaud. Natacha a illustré mon premier livre, Un Chien dans le placard (Nathan); la rencontre de son trait et de mon écriture fut pour moi une très grande joie, d'autant que c'était ma première publication en littérature de jeunesse. Non seulement mon histoire était prise, mais en plus je donnais à quelqu'un que je ne connaissais pas l'occasion d'exprimer son talent. Depuis, le livre a été réédité et Natacha y a participé en revoyant notamment la couverture.

En fait, avec cette histoire de chien, je retrouvais une part d'enfance que ma mémoire avait négligé jusque-là. Je veux parler du chien de ma grand-mère. Il s'appelait Athos, nom étonnant, car ma grand-mère était plus portée sur Modes et Travaux que sur les Trois Mousquetaires. Enfant, j'ignorais tout du roman de Dumas. Pour moi, ce nom signifiait plutôt: Athos-qui-a-un-os. Ce chien - en fait, un cabot, comme on disait, un batard - passait le plus clair de son temps dehors attaché à un piquet. Il était doux, paresseux, jamais grognon. Il offrait son amour comme ça, sans rien demander en échange (enfin, je le gavais quand même de sucre!). Pour moi, il devait représenter l'amour avec un grand A - un peu comme le Christ... Du reste, en parlant une fois des chiens avec Nadja - autre illustratrice de grand talent - nous sommes tombés d'accord pour dire que, si le Christ revenait parmi nous aujourd'hui, il aurait l'apparence d'un chien...

Donc, j'aimais, j'adorais, j'adulais Athos. Et puis, un jour, il n'a plus été au rendez-vous. Ma grand-mère allait déménager. On ne m'a pas expliqué ce qu'on en avait fait. Plus tard, j'ai compris qu'on l'avait piqué. Depuis, malgré l'âge, je continue de m'interroger. Où est passé Athos? Qu'est-il devenu? Bien sûr, je sais qu'il est mort, mais il continue de vivre en moi comme une tendre blessure... En moi, il y a un chien. Un chien qu'on va piquer, qui ne comprend pas ce qu'il lui arrive et qui songe à un petit garçon qui l'aimait bien et le gavait de sucre.

mercredi 18 mars 2009

Coach-toi toi-même!

Coach, coaching... Comme disait Dutronc, un de mes philosophes préférés, on n'entend plus que ça partout.
Hier, dans Le Monde, il y avait justement un article sur le coaching parental. C'est fou comme les gens ont besoin de se faire aider en ce moment! Et pas seulement à cause de la crise... Par réflexe individualiste ou parce qu'ils n'arrivent pas à gérer leur anxiété.
Bref, à lire la presse, on se dit qu'il y a un coach pour tout: pour changer de boîte, changer les couches des petits, divorcer, se faire cuire un oeuf, rencontrer le premier amour, suspendre des double-rideaux, s'orienter dans les rues sans se cogner dans les panneaux...
Enfin, il y a quand même un coaching qui n'existe pas encore: le coaching mortuaire. Encore que... J'imagine ce que pourrait donner une session... Première séance: vous allez mourir. Que ressentez-vous? Deuxième séance: vous êtes en train de mourir. Que pouvez-vous faire? Avez-vous un livre de Woody Allen à portée de main? Troisième séance: vous êtes mort. Racontez votre expérience.
Heureusement, nous n'en sommes pas encore là. Et puis, il y a Montaigne qui a bien disserté sur la chose. Moi, je n'ai pas de coach. Ou plutôt, j'en ai une foule: mes amis et les livres. A part ça, ça va très bien. Bon, il m'arrive quand même de me prendre un panneau de temps à autre - mais je n'en fais pas une maladie...
Additif: coach est un mot qui favorise les calembours; c'est très rigolo. La droite et la coach... La coach d'Azur... L'ultra-coach, etc. En plus, c'est l'anagramme presque parfait de... cacho(t)! Comme quoi, qui cherche à se faire aider cherche aussi les enfermements...