mercredi 30 septembre 2009

Pour qui se prend Yann Arthus-Bertrand?


Yann Arthus-Bertrand, comme chacun sait, est ce photographe humaniste et moustachu qui prend des photos de la Terre du haut d'un hélicoptère. Il est aussi le réalisateur de Home, film époustouflant où l'on comprend qu'il est peut-être temps de mettre un frein à nos ambitions consuméristes et industrielles, si nous voulons laisser une planète propre à nos enfants.

En soi, le titre du film est tout un programme: la Terre est une maison dont nous sommes les modestes locataires. Et comme on dit à propos des toilettes: "Merci de laisser cet endroit aussi propre que vous l'avez trouvé." Mais si nous ne sommes que des locataires, qui est donc le propriétaire de ce Home en voie de dissolution?

Pour le savoir, il suffit de voir comment Yann Arthus-Bertrand filme la Terre ou la prend en photos. Il la contemple d'en haut, à bord de son hélico. En terme technique, on appelle ça une plongée. Mais qui d'autre que lui peut avoir ce point de vue admirable, sinon Dieu lui-même contemplant sa Création?

Eh oui, on l'aura compris, Yann Arthus-Bertrand, loin d'être seulement un gentil photographe rallié à la Bonne Cause Ecologique, est aussi un homme qui se prend pour Dieu! Et comme Dieu dans l'Ancien Testament, il entend nous faire la leçon, nous réprimander, nous dire le Bien et le Mal, châtier les coupables et distribuer des récompenses.

Devant tant de hauteur, on reste confondu. On aimerait bien jouer l'avocat du Diable, mais c'est prendre le risque de prendre à revers une opinion publique gagnée déjà par l'angoisse de l'apocalypse prochaine. Pas celle de Saint-Jean, rassurons-nous. Celle-là est bien trop complexe, bien trop ténébreuse et insupportable pour une opinion publique qui a depuis longtemps jeté Dieu aux orties, au nom du progrès et de l'émancipation individuelle.

D'où ce paradoxe: Yann Arthus-Bertrand se prend pour Dieu, mais sa métaphysique se réduit à la portion congrue. Celle d'une morale pratique, utilitaire, qui entend sacraliser la Terre tout en refusant d'y voir autre chose que la Terre elle-même.

lundi 28 septembre 2009

Allègre a encore frappé


Interrogé par le quotidien Nice-matin ce week-end dernier, Claude Allègre, dont la surcharge pondérale pèse son poids de cacahuètes, a traité d'imbécile Nicolas Hulot, lui repprochant notamment d'obliger les gens à rouler en vélo, alors que lui, le salarié de TF1, se paye des voyages en hélico pour les besoins de ses reportages.

On regrettera que Claude Allègre n'ait pas fait de même avec Yann Arthus-Bertrand, autre chantre de l'écologie, dont le film Home, financé par de grands groupes industriels, doit aussi beaucoup aux pales des hélicos. Mais sans doute y-a-t-il pensé, lui qui voue aux gémonies ces écolos bon teints qui ont fait du réchauffement climatique un fond de commerce bien lucratif.

En fait, le fond du débat est là. Réchauffement ou pas? L'apocalypse pour 2012 ou aux calendes grecques?

Allègre ne croit pas au réchauffement. Il le clame haut et fort. Tant de mauvaise foi est admirable. Cela force le respect. Allègre bouillonne. Allègre a le sang chaud. Il tonne contre, quitte à se retrouver seul contre tous. Du sanglier, il a le poil dru et l'allure, sans compte le caractère: obtus, offensif, susceptible comme pas deux. Il a aussi un côté "Casse-toi-Pauv'-con", qui explique sans doute pourquoi il fait souvent des ronds de jambe à notre Président.

En comparaison, Nicolas Hulot paraît très sympathique. Il est jeune, beau, bien propre sur lui. Il a l'opinion publique pour lui. Qui serait assez abruti pour ne pas vouloir protêger la planête? C'est une évidence.

Hulot clame haut et fort cette évidence. Tout le monde applaudit à ce chantre juvénile de l'écologiquement correct. Il faut, dit-il. On fait ou on va faire. Grenelle de l'environnement, taxe carbone, voitures propres, etc. Tout le monde est content. Et la planète sera sauvée!

Pour qui ne l'a pas compris encore, l'écologie -du moins dans sa version aspartam- est en passe de devenir au XXIème siècle la nouvelle science des Homais. Bientôt, il sera impossible de dire non ou je m'en fous, sous peine d'encourir les foudres de procureurs hygiéniquement corrects. Nicolas Hulot est notre nouveau Homais. Grâce soit rendue à Claude Allègre de l'avoir un peu bousculé.

samedi 26 septembre 2009

Coïtus morbidus


Lu dans la presse: une veuve réclame le sperme de son mari décédé.

Elle s'appelle Fabienne J., elle a une trentaine d'années et elle est veuve. Rien d'extraordinaire à cela, sinon que la plupart des veuves aujourd'hui ont dépassé depuis belle lurette le stade de la ménopause. Pas Fabienne J. Elle peut encore avoir des enfants et c'est tout le bien qu'on lui souhaite. Oui, mais... Elle veut récupérer le sperme congelé de son défunt mari pour se faire inséminer et avoir un enfant post-mortem. Pourquoi pas? dira-t-on. Si la médecine peut le faire, pourquoi s'en priver?

Au nom du droit, Fabienne J. est prête à tout mettre en oeuvre, quitte à se faire inséminer en Belgique où la législation semble plus tolérante sur le sujet. Et si ce n'est pas possible au pays de Jacques Brel, il doit bien y avoir quelque part dans le monde un paradis spermato où on peut se faire inséminer comme d'autres font leurs courses aux Galeries Lafayette.

On n'arrête pas le progrès. On n'arrête pas la connerie aussi. La connerie est un camion fou qui, au nom du droit imprescriptible pour chaque individu de jouir du bonheur, fonce sans s'arrêter sur le mur des limites imposées par la nature.

Vous êtes jeune? Vous perdez votre mari et vous êtes sans enfant? Un conseil: faites votre deuil et remariez vous avec qui bon vous semble!

Pour Fabienne J., il faut croire que les choses ne sont pas si évidentes. Elle n'est toujours pas sortie de son deuil. Mieux même, elle voudrait contourner les lois de la nature pour avoir un enfant d'un mort. Elle n'a donc pas compris que, par essence, toute destinée humaine est tragique, et qu'il faut justement accepter cela pour continuer à vivre et donner du sens à la vie.

Après tout, il y a des veuves qui se reconstruisent quand même après avoir connu le grand amour. Et le fait même de l'avoir connu peut leur donner plus d'appêtit, plus de force dans la vie. Et puis, pour paraphraser un célèbre opéra, il y a aussi des veuves joyeuses...

En fait, ce n'est pas un enfant que désire Fabienne J.. Elle veut tout simplement accoucher de son défunt mari sous l'enveloppe charnelle d'un bébé qui, lui, quand il viendra au monde, ignorera tout de cette histoire sordide où la procréation assistée a comme des relents de nécrophilie.