mardi 26 mai 2009

La peur du gendarme


Lu dans la presse: un gendarme de 43 ans émascule l'amant de sa femme.

Sur le thème du trio infernal, je choisis le mari éploré. Fallait-il donc qu'il soit malheureux pour en arriver là! Et quand bien même... Est-ce que ça valait vraiment la peine? Si ce type avait lu ou vu une bonne pièce de boulevard, il aurait peut-être pris les choses autrement. Seulement voilà, quand on est gendarme, on n'a pas trop le temps de lire; il faut veiller au grain.

Les journaux ne disent pas ce qu'est devenu l'objet du délit. L'a-t-on mixé dans le hachoir à viande? L'a-t-on grillé au barbecue, façon merguez cramée, en compagnie de quelques potes avinés et rigolards? Ou bien, une main secourable l'a-t-il recueilli sur la chaussée et l'a porté dans une poche de glace jusqu'à l'hopital le plus proche? Le mystère demeure. Il faut peut-être lancer un avis de recherche.

Quoi qu'il en soit, je n'aimerais pas être à la place de la victime. Pour se reconstruire après un truc pareil, il faut tomber sur un psy... qui en a! A la limite, vu l'ampleur des dégâts, c'est peut-être le moment de changer de sexe. Freud ne disait-il pas que les femmes n'ont pas de pénis?

Du reste, c'est peut-être pour cette raison que notre pauvre gendarme n'a pas puni la sienne. Mieux même: son geste la désigne comme la victime de son queutard d'amant. En émasculant ce dernier, le gendarme aura su au moins protêger son épouse: geste salvateur et citoyen, que ne renierait pas le dernier des talibans.

A part ça, je crois que je vais arrêter de jouer aux gendarmes et aux voleurs. J'ai trop peur pour mes couilles!

lundi 18 mai 2009

Le fromage de Jules


Jules Renard, Journal (1887-1910), Gallimard.

Contre la bêtise et la morosité ambiante, rien ne vaut quelques pages du Journal de Jules Renard. Jules Renard, ce n'est pas seulement l'auteur de Poil de Carotte et de L'Ecornifleur, c'est aussi un type qui, tous les jours ou presque, passe son temps à épingler le genre humain comme d'autres collectionnent les insectes sur des plaques de liège. Il y a du moraliste en lui, mais rien de raide ni de moralisant, plutôt une tendresse fortement teinté de causticité. Un gars de la campagne qui dézingue gentiment les parisiens. Un écrivain qui préfère la compagnie des paysans, des arbres, des animaux. Un peu misanthrope, mais pas trop... Vite rattrapé par la sensualité, l'humour vache, le goût pour le mot d'esprit.

Des mots d'esprit, il y en a des milliers dans le journal de Jules. Pas la peine de le prendre par le début. Il suffit de picorer, au hasard, Balthazar...

Par exemple, cette pure vacherie: Ce qui fait le plus plaisir aux femmes, c'est une basse flatterie sur leur intelligence. Avec une citation pareille dans la presse d'aujourd'hui, le pauvre ami Jules aurait droit à un procès.

Celle-là n'est pas mal non plus: Un borgne, c'est un infirme qui n'a droit qu'à un demi-chien.

Plus loin, ces deux remarques mises côte à côte: Il aime la nature, mais il ne connaît, de verdure, que le vert de ses stores. Et: La nuit, nous avons bien plus peur que les enfants.

A un autre endroit, ce passage qui n'aurait pas déparé les Histoires naturelles: Il faut rentrer; déjà les araignées dressent leurs petites tentes pour la nuit.

Et encore: Sauf complications, il va mourir.

Ou bien: Les gens qui se font incinérer s'imaginent que, réduits en cendres, ils échapperont à Dieu.

Et pour finir, mais la liste est loin d'être close: L'écureuil, son murmure à bouche fermée.

Voilà, c'était l'ami Jules. Un de mes livres de chevet. Un type comme je les aime: ami du genre humain, mais pas trop!

P.S: j'offre une place de cinéma à celui ou à celle qui trouvera pourquoi j'ai appelé mon article Le fromage de Jules.

lundi 11 mai 2009

On ne rit plus


Qui se souvient d'Elie et Dieudonné? Le petit Juif et le grand noir. L'ironique et le susceptible. Le persifleur et le grincheux. Bref, un duo comique qui faisait la nique au racisme et à la bêtise ordinaire. Je me souviens d'une des affiches de leur spectacle: Elie, déguisé en nazi; Dieudonné portant la tenue du Klu Klux Klan.

Aujourd'hui, Elie continue seul son petit bonhomme de chemin (Ah, la série des petites annonces!) et son talent nous fait toujours rire. Dieudonné, lui, ne fait plus rire que les vilains petits canards du révisionnisme. Quelle mouche l'a piqué? Ou veut-il en venir en voulant défendre la mémoire des esclaves tout en se réclamant de Faurisson? Autrefois, Dieudonné voyait des fachos partout. Maintenant, il danse la polka avec eux.

Oui, quelle mouche l'a piqué? Peut-être s'agit d'un effet collatéral de la grippe porcine? Non pas celle du Mexique. Plutôt celle qui change certains individus en porcs humains, un peu à la façon de Rhinocéros de Ionesco. Au train où vont les choses, Dieudonné risque un jour de se retrouver avec un drôle de groin au milieu de la figure, ou une corne sur le front comme dans Rhinocéros.

En attendant, on peut peut-être lui conseiller de lire ou de relire Si c'est un homme de Primo Lévi. C'est un beau livre qui raconte comment, il y a plus de soixante ans, des hommes changées en porcs ont cru bon d'envoyer leurs semblables dans des fours crématoires.

samedi 2 mai 2009

Ponchos, je vous hais!


Suite à ma chronique sur la prophylaxie du sombrero, on va finir par croire que je n'aime pas les Mexicains. Rien de plus faux. Je déteste aussi le poncho.

Le poncho est au manteau ce que le string est au maillot de main. Ce n'est pas une ébauche de vêtement. Ce n'est pas non plus un vêtement. C'est quelque chose qui se situe entre la lirette Ikea fabriquée à Macao et le tapis de bain dont on se sert pour faire dormir le chien, quand on n'a rien d'autre sous la main.

Pour faire un poncho, rien de plus simple: il suffit de découper un large trou au centre d'une carpette pour y passer ensuite la tête. Voilà, le poncho est prêt. Mais, reconnaissons-le, ce n'est quand même pas ce qu'il y a de plus seyant. Une grosse femme en poncho restera une grosse femme. Un Mexicain malingre vêtu d'un poncho restera un Mexicain malingre. C'est là le problème du poncho: il recouvre, mais ne cache rien. Pire même: il met en valeur les défauts physiques. Une gaine de contention, à mon sens, me paraît plus adaptée pour une grosse femme. Quant au Mexicain malingre, eh bien... une doudoune lui donnera un air plus baraqué.

On me dira: ce n'est pas bien de dire du mal du poncho. Il y a des gens qui n'ont que ça à se mettre. Et puis, le poncho, avec ses belles couleurs voyantes, ça met du soleil dans la vie, non? Ce n'est pas faux. Sauf que j'aime bien dire du mal des gens. Sauf que le soleil est un piège à nains: il ne suffit pas qu'il brille pour être heureux. J'en connais, moi, des gens qui portaient des ponchos et se sont jetés du haut de la Tour Eiffel. Ni le soleil ni le poncho ne protêgent du malheur. Et puis, avouons-le, c'est un très mauvais parachute pour qui veut jouer les filles de l'air au dessus de Paris!

vendredi 1 mai 2009

Idées claires, sombrero.


Décidément, la grippe porcine progresse! Déjà deux cas en France. Au train où vont les choses, nous allons certainement passer à l'alerte de niveau 6 la semaine prochaine.

Cependant, le problème est le suivant: comment reconnaître un grippé d'une personne saine? Pas facile... Et pourtant, les choses seraient plus simples si on demandait aux grippés, par exemple, de porter un sombrero.

D'abord, un type en sombrero, ça se voit de loin et ce n'est pas banal. Ensuite, en espérant que nous passerons à l'alerte de niveau 7 dans quinze jours, cela égayera quelque peu les lieux publics et les stations de métro. Sur les quais, à la poste, dans les mairies, etc, on verra des gens d'humeur sombre porter des sombreros colorés. La fête, quoi! Comme si on était dans un Tex-mex branché avec Téquila à volonté. Sans compter que, vu le nombre de sombreros que les médecins devont prescrire à leurs patients (en plus du fameux Tamiflu), l'Etat fera un beau geste en direction du Mexique en lui commandant des milliers de sombreros. Qui sait même si, transparence oblige, il ne faudra pas faire plusieurs offres d'achats à différents concurrents. Et les Chinois, qui s'y entendent en matière de sombreros, emporteront peut-être le pactole, du fait d'une main d'oeuvre payée à bas prix.

Mais n'anticipons pas. La situation est peut-être bien plus grave qu'on ne le pense. Une surproduction de sombreros va plonger la Chine dans le marasme total. Bientôt, l'objet sera tellement dévalué qu'il faudra bien trouver autre chose pour reconnaître les fameux grippés dans la rue. Une crécelle, ce n'est pas mal... Mais ça fait un peu pestiféré, non?