vendredi 13 novembre 2009

Le beauf et la bobo


Suite aux déclarations de Marie N'Diaye qualifiant la France de Sarkozy de "monstrueuse", Eric Raoult, député UMP et apôtre de la beaufitude, en a appelé à "un devoir de réserve". Marie N'Diaye lui a rétorqué que, n'étant pas fonctionnaire, elle n'était tenue à aucune réserve, ce qui est bien compréhensible quand on est un écrivain doué comme elle et, qui plus est, installé à Berlin depuis peu, ville qui en jette quand même vachement mieux que notre petite capitale où il ne s'est rien passé en 89, sauf un défilé ridicule et criard sensé célébrer les grandes heures de la Révolution française, à l'excepté du minuit de la Terreur. Plus tard, Marie N'Diaye est revenue sur ses propos, les qualifiant d'excessifs, puis, chose curieuse, a remis le couvert une dernière fois en disant assumer pleinement ce qu'elle avait dit dans l'interview des Inrockcuptibles et en appelant à l'arbitrage du ministre de la culture et des cinémas d'art et d'essai, Frédéric Mitterrand.

Tout, dans ce débat, est bancal dès le départ. Si Marie N'Diaye a voulu, à l'occasion du Goncourt, passer pour un écrivain engagé de l'anti-sarkosysme, elle s'est pris les pieds dans le tapis, ne voyant pas que sa situation de pseudo exilée berlinoise la rangeait objectivement du côté des bobos, élite cultivée et friquée qui aime la gauche quand elle s'incarne dans Ségolène Royal, mais répugne à bouffer du saucisson à l'ail et à boire du gros rouge.

De la même manière, pour quelqu'un qui n'est pas fonctionnaire, on s'étonne qu'elle en appelle au ministre de la culture. Mais, venant d'une Française élévée dans le moule de l'Etat-providence, pour ne pas dire jacobin, on comprend qu'elle en appelle à un Père protecteur, elle la pauvre fille qui sait tourner ses phrases pour écrire des histoires, mais n'en trouve pas d'assez fortes pour se défendre elle-même!

Bref, on se croirait revenu au temps de Louis XIV, quand un courtisan en appelait à la bienveillance du roi pour rentrer en grâce. Et puis, à quoi bon en appeler à un ministre qui se trouve justement pieds et poings liés à un Président qu'elle déteste?

Quant à Eric Raoult, mieux vaut économiser de l'encre que d'en parler. On l'invitera cependant à méditer cette phrase de Léon Daudet, qui avait défendu Céline lors de l'attribution du prix Goncourt, Céline dont personne ne voulait à cause de sa peinture déprimante de la Grande Guerre dans Voyage au bout de la nuit: "La patrie, je lui dis merde quand il s'agit de littérature!" Mais M. Raoult sait-il qui est Céline? Ne risque-t-il pas de le confondre avec le modiste du même nom? Il est vrai que, lorsqu'on est député, on n'a guère le temps de s'occuper de littérature...

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