dimanche 16 mai 2010

Willy Ronis


C'est beau, c'est tendre, ça se laisse regarder, même si on ne connait rien à la photographie. Willy Ronis porte un regard doux et sans préjugés sur le monde qui l'entoure: celui d'un flâneur, d'un homme libre qui aime tous les hommes, d'un contempteur de la beauté jaillissant comme une fleur entre deux pavés disjoints.
Willy Ronis nous parle aussi d'un Paris qui n'est plus; un Paris populaire, gouailleur, fêtard, où les pauvres croisent les moins riches, où les rues sentent encore bon le charbon de bois, le gros rouge qui tache, la violette vendue trois francs six sous au hasard d'un carrefour.
Et puis, en cloture de cette exposition, il y a ces nus qu'il a photographiés à la fin de sa vie et qui nous rappelle combien le corps féminin est fait pour être contemplé comme une statue de Maillol ou un dessin de Matisse, loin, très loin, du consumérisme pornographique d'aujourdhui.
Exposition au Musée de la Monnaie, jusqu'en Août 2010.

jeudi 13 mai 2010

Tintin au pays des cons


Comme le rapporte Le Monde d'aujourd'hui, un Congolais vivant en Belgique porte plainte auprès d'un tribunal bruxellois contre la société Moulinsart SA qui gère l'oeuvre d'Hergé. Motif: Tintin au Congo serait un infâme brûlot raciste.
La chose n'est pas nouvelle. Dans les librairies anglaises, la BD est réservé au rayon adulte. A Brooklyn, la bibliothèque a restreint l'accès au livre pour ne pas choquer les minorités, etc.
Question: la bibliothèque publique de Moscou va-t-elle retirer bientôt Tintin chez les soviets, au motif que cette oeuvre porte préjudice à la révolution de 1917? Faut-il aussi retirer de la vente Le Temple du soleil, comme semblent le suggérer les associations de défense des lamas, montrés comme des animaux stupides crachant à tout bout de champ dans les aventures de Tintin? Et que dire des Bijoux de la Castafiore, montrant une image infamante de la femme, réduite à une grosse dondon assommante?
Personnellement, pour ne pas choquer mes enfants et leurs petits copains venant d'horizons culturels différents, j'ai déjà pris mes précautions: j'ai mis toute l'oeuvre d'Hergé sous clé, et je garde toujours la clé avec moi. Ainsi, ils seront protégés sans problème de cette oeuvre Ô combien décadente, fruit d'un esprit malsain et réactionnaire. Je pense que je vais faire de même avec Astérix. Trop violent. Et pourquoi pas avec Gaston Lagaffe, qui pousse trop loin l'éloge de la paresse?
Ainsi, nous dormirons mieux dans un monde enfin pacifié, où l'on saura nettement distinguer les "méchants" et les "gentils", les amis du genre humain et les autres -dont on s'étonne qu'ils ne sont pas encore marqués au fer rouge! Brave new world, comme disait Huxley! Oh, pardon, encore un réactionnaire. Va falloir que je le supprime aussi de ma bibliothèque, celui-là!