samedi 26 septembre 2009

Coïtus morbidus


Lu dans la presse: une veuve réclame le sperme de son mari décédé.

Elle s'appelle Fabienne J., elle a une trentaine d'années et elle est veuve. Rien d'extraordinaire à cela, sinon que la plupart des veuves aujourd'hui ont dépassé depuis belle lurette le stade de la ménopause. Pas Fabienne J. Elle peut encore avoir des enfants et c'est tout le bien qu'on lui souhaite. Oui, mais... Elle veut récupérer le sperme congelé de son défunt mari pour se faire inséminer et avoir un enfant post-mortem. Pourquoi pas? dira-t-on. Si la médecine peut le faire, pourquoi s'en priver?

Au nom du droit, Fabienne J. est prête à tout mettre en oeuvre, quitte à se faire inséminer en Belgique où la législation semble plus tolérante sur le sujet. Et si ce n'est pas possible au pays de Jacques Brel, il doit bien y avoir quelque part dans le monde un paradis spermato où on peut se faire inséminer comme d'autres font leurs courses aux Galeries Lafayette.

On n'arrête pas le progrès. On n'arrête pas la connerie aussi. La connerie est un camion fou qui, au nom du droit imprescriptible pour chaque individu de jouir du bonheur, fonce sans s'arrêter sur le mur des limites imposées par la nature.

Vous êtes jeune? Vous perdez votre mari et vous êtes sans enfant? Un conseil: faites votre deuil et remariez vous avec qui bon vous semble!

Pour Fabienne J., il faut croire que les choses ne sont pas si évidentes. Elle n'est toujours pas sortie de son deuil. Mieux même, elle voudrait contourner les lois de la nature pour avoir un enfant d'un mort. Elle n'a donc pas compris que, par essence, toute destinée humaine est tragique, et qu'il faut justement accepter cela pour continuer à vivre et donner du sens à la vie.

Après tout, il y a des veuves qui se reconstruisent quand même après avoir connu le grand amour. Et le fait même de l'avoir connu peut leur donner plus d'appêtit, plus de force dans la vie. Et puis, pour paraphraser un célèbre opéra, il y a aussi des veuves joyeuses...

En fait, ce n'est pas un enfant que désire Fabienne J.. Elle veut tout simplement accoucher de son défunt mari sous l'enveloppe charnelle d'un bébé qui, lui, quand il viendra au monde, ignorera tout de cette histoire sordide où la procréation assistée a comme des relents de nécrophilie.

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