mercredi 14 juillet 2010

Le Livre des Ténèbres

Eh oui, c'est encore moi! De retour avec un nouveau roman, Le Livre des Ténèbres, aux éditions Oskar.
Et ça parle de quoi?
D'un manuscrit maudit, qui permettrait d'accéder à une des portes de l'Enfer gardée par une étrange créature...
Et ça se passe où?
A Paris, de nos jours. Plus particulièrement entre la rue Saint-Jacques et la place Denfert-Rochereau, avec un petit détour par la proche banlieue et la Bretagne. En fait, j'ai écrit ce livre en songeant à des lieux qui me sont chers, très liés à mon enfance: le Quatorzième, les catacombes, le Quartier latin, l'Ile de la Cité...
Je l'ai écrit aussi en me référant à toutes ces lectures bizarres que je fais depuis mon adolescence et qui ont trait à l'ésotérisme, à Lovecraft, à Nerval...
Ceux qui me connaissent reconnaîtront là mon goût pour l'étrange, le fantastique, les sociétés discrètes et secrètes...
Ce livre est un parcours, une initiation... Et comme dans toute initiation, il faut d'abord traverser des zones obscures, si l'on veut parvenir à devenir soi-même... C'est ce qui va arriver à Théo, le personnage principal, un ado qui vit seul avec son père libraire et qui, sans en avoir vraiment conscience, n'a toujours pas fait le deuil de sa mère disparue...
Pour le reste, je me suis beaucoup amusé à inventer un livre qui n'existe pas et aussi à mettre en code un texte révélant sa cachette... Encore une lubie de gamin... Du temps où je jouais aux agents secrets... Mais n'en suis-je pas un à ma façon? Ceux qui me connaissent comprendront peut-être de quoi je parle...

lundi 14 juin 2010

La Mélancolie du fumeur


Chers amis,

Le samedi 19 Juin, à 16 heures, j'aurai le plaisir de vous retrouver Place Saint-Sulpice à Paris pour dédicacer mon 12 ème livre, La Mélancolie du fumeur, aux

Editions du Bruit des Autres (stand C1). Michael Lonsdale, dont on ne présente plus la carrière théâtrale et cinématographique, nous rejoindra à 17 heures pour signer à son tour son livre aux Editions de l'Amandier. Les signatures se termineront par un pot aux alentours de 18 h 30.

En attendant, un article sur La Mélancolie du fumeur est déjà disponible en ligne: http://www.encres-vagabondes.com/magazine/herault.htm A bientôt. Pascal Hérault.

dimanche 16 mai 2010

Willy Ronis


C'est beau, c'est tendre, ça se laisse regarder, même si on ne connait rien à la photographie. Willy Ronis porte un regard doux et sans préjugés sur le monde qui l'entoure: celui d'un flâneur, d'un homme libre qui aime tous les hommes, d'un contempteur de la beauté jaillissant comme une fleur entre deux pavés disjoints.
Willy Ronis nous parle aussi d'un Paris qui n'est plus; un Paris populaire, gouailleur, fêtard, où les pauvres croisent les moins riches, où les rues sentent encore bon le charbon de bois, le gros rouge qui tache, la violette vendue trois francs six sous au hasard d'un carrefour.
Et puis, en cloture de cette exposition, il y a ces nus qu'il a photographiés à la fin de sa vie et qui nous rappelle combien le corps féminin est fait pour être contemplé comme une statue de Maillol ou un dessin de Matisse, loin, très loin, du consumérisme pornographique d'aujourdhui.
Exposition au Musée de la Monnaie, jusqu'en Août 2010.

jeudi 13 mai 2010

Tintin au pays des cons


Comme le rapporte Le Monde d'aujourd'hui, un Congolais vivant en Belgique porte plainte auprès d'un tribunal bruxellois contre la société Moulinsart SA qui gère l'oeuvre d'Hergé. Motif: Tintin au Congo serait un infâme brûlot raciste.
La chose n'est pas nouvelle. Dans les librairies anglaises, la BD est réservé au rayon adulte. A Brooklyn, la bibliothèque a restreint l'accès au livre pour ne pas choquer les minorités, etc.
Question: la bibliothèque publique de Moscou va-t-elle retirer bientôt Tintin chez les soviets, au motif que cette oeuvre porte préjudice à la révolution de 1917? Faut-il aussi retirer de la vente Le Temple du soleil, comme semblent le suggérer les associations de défense des lamas, montrés comme des animaux stupides crachant à tout bout de champ dans les aventures de Tintin? Et que dire des Bijoux de la Castafiore, montrant une image infamante de la femme, réduite à une grosse dondon assommante?
Personnellement, pour ne pas choquer mes enfants et leurs petits copains venant d'horizons culturels différents, j'ai déjà pris mes précautions: j'ai mis toute l'oeuvre d'Hergé sous clé, et je garde toujours la clé avec moi. Ainsi, ils seront protégés sans problème de cette oeuvre Ô combien décadente, fruit d'un esprit malsain et réactionnaire. Je pense que je vais faire de même avec Astérix. Trop violent. Et pourquoi pas avec Gaston Lagaffe, qui pousse trop loin l'éloge de la paresse?
Ainsi, nous dormirons mieux dans un monde enfin pacifié, où l'on saura nettement distinguer les "méchants" et les "gentils", les amis du genre humain et les autres -dont on s'étonne qu'ils ne sont pas encore marqués au fer rouge! Brave new world, comme disait Huxley! Oh, pardon, encore un réactionnaire. Va falloir que je le supprime aussi de ma bibliothèque, celui-là!

dimanche 25 avril 2010

Lettre à Nietzsche


Mon cher Nietzsche,
Tu sais que je t'apprécies beaucoup et il ne se passe pas une année sans que je relise une de tes oeuvres (La Naissance de la tragédie a ma préférence). Voilà que l'actualité te remet à l'honneur par le biais d'un autre philosophe, un certain Michel Onfray, qui vient de publier un essai dans lequel il déboulonne à tour de bras le fondateur de la psychanalyse, Sigmund Freud.
Pour expliquer sa méthode, il s'en remet à toi, affirmant, je cite, dans un article du Monde, que toute philosophie constitue l'autobiographie de son auteur, sa confession. Sauf erreur de ma part, je n'ai pas encore trouvé trace de cette affirmation dans ton oeuvre. Mais cela m'aura sans doute échappé, toi qui préfère les fragments et les aphorismes à tout esprit de système, ce que je ne conteste nullement, nourrissant moi aussi une crainte à l'égard de tous les faiseurs de système, surtout quand ils se réclament de faire le bonheur du genre humain.
Ceci étant dit, partons de l'idée selon laquelle tu as bien affirmé que toute philosophie se ramène à l'autobiographie de son auteur. Excuse-moi du peu, mon cher Nietzsche, mais je trouve cette assertion complètement stupide! Si la philosophie se ramène essentiellement à une question de singularité personnelle et, pour tout dire, de subjectivité, alors il n'est pas de philosophie possible! Adieu concepts, généralisations et tutti quanti!
Sans compter qu'une telle thèse risque de se retourner contre celui qui la fait sienne. Toi, d'abord (mais je t'accorde que tes maux divers ont certainement compté dans ta conception du surhomme), Michel Onfray ensuite. Du reste, et si nous poussons le raisonnement un peu plus loin, on peut se demander ce qui, dans la biographie de Michel Onfray, l'amène à critiquer Freud si ouvertement -à philosopher à coups de marteau, pour reprendre ton expression. Peut-être désire-t-il la psychanalyse tout en la refusant?
"On dessine toujours l'idéal de ce que l'on hait". Cette citation est de toi, mon cher Nietzsche, et je trouve qu'elle convient parfaitement à notre propos. Et si Onfray, finalement, n'était pas si éloigné que ça du projet freudien? En tout cas, je vois qu'il se réclame de Reich, autre psy. Cela me rassure. La famille psychanalytique est grande: Freud a tracé le chemin; d'autres, des chemins de traverse... Pour ma part, je penche plutôt pour Jung, mais c'est un autre débat.
Quoi qu'il en soit, mon cher Nietzsche, j'espère qu'il fait beau du côté du Lac de Constance, que tu écris comme tu veux et la belle, la très belle Lou Andréas Salomé est encore auprès de toi. Ton ami Pascal, qui philosophe à coups de râteau dans son jardin.

lundi 19 avril 2010

Panique sur le divan, suite.


Pour ceux que le débat Onfray/Roudinesco intéresse, on trouvera les mises au point de l'un et de l'autre sur le site mediapart: http://www.mediapart.fr/ .
Roudinesco, en gardienne du temple freudien, défend assez mal sa cause: au lieu de le porter sur les tenants et les aboutissants philosophiques de la méthode Onfray, elle en fait une affaire politique au risque de se ridiculiser elle-même en faisant passer Onfray pour un vilain fasciste (ce ne sont pas ses termes, mais on comprend très bien où elle veut en venir).
Onfray, lui, gonflé à bloc par la sortie de son bouquin, tombe dans la gueule du loup et lui répond en la faisant passer pour la petite soeur de Vichinsky, procureur stalinien des Grandes Purges.
On aimerait entendre un autre débat. Quelque chose qui recentre les choses sur la pensée de Freud, ce qu'elle a apporté à l'Occident et ce que l'on peut en retenir encore aujourd'hui pour avancer sur la connaissance de soi. Bien évidemment, Freud, comme tant d'autres penseurs, est critiquable: sa pensée est le fruit d'une époque, d'un contexte historique particulier, et lui-même ne maîtrisait pas tout de sa propre pensée.
En fait, on oublie trop souvent que la psychanalyse n'est pas seulement une "doxa" (un discours, une théorie), mais aussi une "praxis" (une pratique, une expérience). Or qui d'autres que les analystes et les analysés (dont je suis) pourraient le mieux rendre compte d'une telle chose? Et si les analysés prenaient la parole? S'ils écrivaient un livre à leur tour, non pour s'incliner devant la statue du Commandeur Freud, mais pour témoigner tout simplement de ce qu'ils ont rencontré lors de leur analyse?

dimanche 18 avril 2010

Panique sur le divan!


Après avoir dégommé les religions dans son Traité d'athéologie, Michel Onfray dézingue Sigmund Freud dans son dernier essai, Le Crépuscule d'une idole, l'affabulation freudienne. Déjà, dans la presse, la polémique est lancée. Elisabeth Roudinesco tient tribune dans le dernier numéro du Monde des livres du 16 Avril; Libération du week-end (17 et 18 Avril) fait la une sur le philosophe: Onfray tue le père Freud. Il n'y a que le Figaro-Magazine pour ignorer la question, préférant consacrer son numéro aux psys, avec en photo le très consensuel Marcel Rufo, psychiatre des ados et ami de Boris Cyrulnik à qui on doit le concept de "résilience".
Que reproche Onfray à Freud? En gros, d'être un mystificateur, d'avoir travesti sa mystification sous les oripeaux d'une pseudo-science, d'être narcissique et d'avoir fait souffrir son entourage, et surtout, comble du comble, d'avoir fabriqué une thérapeutique qui ne guérit personne, sauf les adeptes de la méthode Coué.
Ces reproches ne sont pas nouveaux. On peut même les scinder en trois familles bien distinctes: d'un côté, les tenants des "sciences dures" (neurobiologistes, en particulier, voir Jean-Pierre Changeux ou Debray-Ritzen) pour lesquels les affections de l'âme ne sont jamais que la manifestation d'un dérèglement chimique propre au cerveau; de l'autre, tout ceux qui, au nom d'une morale idéaliste et souvent teintée de religieux s'opposent à une vision de l'homme réduit à ses pulsions sexuelles; enfin, une famille plus floue, à cheval sur une rationalité biologisante, type Nouvelle Droite, et une vision de l'homme vitaliste inspirée de Nietzsche pour laquelle il n'y a pas d'Homme en soi, seulement des singularités.
C'est justement cette singularité freudienne que s'efforce de décrypter Onfray. En clair, Freud ne serait pas un philosophe, encore moins un thérapeute, mais un individu qui aurait passé son temps à conceptualiser sa propre biographie. Nietzsche, à propos des philosophes idéalistes, ne disait rien d'autre, d'où son refus de l'esprit de système et des montages conceptuels qui ne seraient que de pures fictions. Cette vision nietzschéenne de la philospohie, Onfray l'avait déjà mise en oeuvre dans l'un de ses premiers essais, Le Ventre des philosophes, où il revisite les grands philosophes occidentaux à la lueur de ce qu'ils mangent. Dis autrement, cela donne: dis-moi ce que tu bouffes, je te dirai ce que tu penses!
Evidemment, le nouvel opus d'Onfray va faire du bruit, beaucoup de bruit, surtout dans le petit monde des psychanalystes. Pourtant, il y a quarante ans, Deleuze et Guatary, avaient fait de même avec leur Anti-Oedipe, bréviaire de la génération 68 et éloge d'une sexualité débarrassée de toute morale répressive (dans laquelle, paradoxalement, les auteurs y mettaient Freud). Bien plus, il y a fort à parier que le débat va prendre un tour politique, comme semblent le suggérer les diatribes d'Elisabeth Roudinesco dans Le Monde. Pour elle, Onfray donne non seulement raison aux tenants de la neurobiologie "dure", mais à tous ceux ceux qui l'ont toujours voué aux gémonies: Léon Daudet, les catholiques ultras, les fascistes, les tenants de la Nouvelle Droite, les néo-païens, etc. Problème: Onfray est classé à gauche, très à gauche même; Marx et Proudhon sont "ses amis" (ce sont ses propres termes) et il tient une Université populaire à Caen.
En fait, et c'est peut-être là l'intérêt du débat, Onfray déplace les lignes. Mais au prix de quelle torsion idéologique! Avec lui, on peut être païen, nietzschéen et... croire en l'égalité entre les hommes! Mais peut-être n'est-il qu'un sensualiste, après tout, façon baron d'Holbach, ce qui arrangerait bien tout le monde, mais peut-être pas la philosophie telle qu'on l'enseigne dans les manuels...